KICK-ASS 2 : un Kick Ass 2.0 ? [Critique]

L'audace insensée de Kick-Ass a inspiré une pléthore de vengeurs masqués autodidactes, le Colonel Stars & Stripes en tête, auxquels notre héro va s'allier pour patrouiller les rues de la ville et assurer la sécurité générale. Mais quand Red Mist, réincarné en Mother F%&*^r, décide de s'attaquer à ces super-héros amateurs, seuls les sabres acérés de Hit Girl sauront les sauver de la destruction....

Sorti en 2010, Kick-ass était une surprise fun et barrée qui avait charmé les jeunes et les moins jeunes. Avec une histoire originale et des personnages attachants, Matthew Vaughn avait réussi le pari fou d'adapter sur grand écran un comics à succès réputé violent et forcément réservé à un certain public. La nature même de l'histoire autour de ce super-héros, celui qui n'en est pas vraiment un, a contribué au succès du film, le spectateur pouvant s'attacher et/ou s'identifier à ce héros maladroit mais tellement réaliste. Et dans un contexte d’overdose de films de super-héros depuis plusieurs années, ce Kickass nous avait livré une véritable bouffée d’air frais.

Kick-Ass 2 est décevant : il n’égale jamais les sommets de cynisme et d’humour du premier épisode. Et dès les premières minutes on ressent le manque de « naturel » qui  nous avait fait très peur dans la bande-annonce. Et pourtant, il échappe à l'étiquette " séquelle purement commerciale"  en contournant une histoire qui aurait pu être un peu trop facile et grâce à son puissant second degré évident.

Car c’est bien là le tour de force de Kickass: montrer que les supers-héros ne sont pas toujours à prendre au sérieux, quitte à donner dans le politiquement incorrect. Ici, la petite Chloé Moretz a bien grandi, l’intrigue a donc du évoluer : elle doit désormais s’assumer seule et surtout faire ses propres choix. Arrivée à l’âge de l’adolescence, Hirgirl découvre que non, on ne peut pas bastonner le monde entier sans que cela ait des conséquences. Sa quête d’identité n'est pas évidente : tiraillée entre le destin d’une fille « normale » et son viscéral besoin de "rendre la justice" à la force de ses poings.

Côté scénario, rien de bien tranchant :une simple histoire de vengeance. Ce n'était de toute façon pas là que se portaient les attentes des fans.  Quid de l'humour et de la violence qui avaient fait le succès du premier volet ?

Que les fans se rassurent : Kick-Ass 2 va loin, très loin, dans la violence graphique. Partant de comics sont très gores, Kick Ass avait déjà inquiété les fans, qui se demandaient comment allier adaptation cinématographique et inévitable censure...  Un film heureusement violent, donc, même si l'on sent qu'il a été amputé de ses scènes les plus gores. Il serait d'ailleurs question d’une version plus sanglante pour la la sortie DVD...

Ce qui pêche un peu dans cette suite, c’est que l’humour et la violence qui faisaient l’essence de Kickass sont amenés beaucoup moins subtilement dans cette séquelle, jusqu’à surfer avec le lourdingue destiné aux pré-adolescents. On ne peut que déplorer cette facilité même si, la plupart du temps, on se surprend à sourire face à la stupidité de ces personnages loufoques. Les faiblesses de Kickass 2 sont vite pardonnées grâce son auto-critique perpétuelle. Celle d'un film parodique de tout un genre cinématographique mais aussi de toute une génération biberonnée aux réseaux sociaux et au culte du superficiel.

On s’attachera donc finalement à cette bande de loosers, qu’on avait failli trouver pathétiques. Que ce soit le colonel Stars and Stripes interprété par Jim Carrey ou « Mother Russia » chacun d’entre eux possède sa réjouissante botte secrète, plus ou moins bien maitrisée, leur assurant ( ou pas ) la victoire sur leur ennemi.

Parfois un peu too much, Kick-ass 2 n'en reste pas moins un bon divertissement estival avec son lot de répliques et de scènes qui tâchent. On lui reprochera juste de ne pas avoir assez surfé sur l'un de ses personnages les plus forts (no spoil...), manquant ainsi une dimension qui aurait pu être mémorable.