L'Agence tous risques
Le 15/06/2010 à 11:24Par Arnaud Mangin
Et ben voilà ! On cherchait quel serait ce gros film de studio qui nous mettrait enfin la patate en cette période de vaches maigres et Joe Carnahan semble avoir trouvé le remède rassasiant. Dans le genre spectacle über-éclatant qui a absolument tout pigé aux attentes du public, cette adaptation tant attendue de la série TV culte déboule par la grande porte en l'enfonçant à grand coups de pompes. Metteur en scène inspiré et généreux, acteurs au poil qui s'éclatent de façon contagieuse... La recette réjouit sans mal. L'Agence tous risques, c'est vraiment la péloche fun du moment !
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Critique L'Agence tous risques
N'y allons pas quatre chemins : L'Agence tous risques est exactement le film que l'on avait envie et surtout besoin de voir ! Parmi le pléthore de produits inondant les écrans dans la course effrénée des studios pour savoir qui en mettra plein la vue à ses voisins, tout le monde s'est embourbé dans une inquiétante approximation du divertissement cette année. Exception faite d'un qui Kick-Ass qui, au final, ne joue pas réellement dans la même cour puisqu'il s'agit d'un "petit" film dont l'indépendance a fini par être payante. En tout cas, dans la lutte acharnée qui oppose dieux grecs, ogres, new-yorkaises brillantes et autres princes du désert, Fox (oui, Fox) tire son épingle du jeu avec un pari qui n'était pas forcément gagné d'avance. La tendance n'est plus forcément à l'adaptation de vieilles séries TV, mais c'est justement ce long recul sur cette mouvance de la fin des années 90 qui permet au film de Joe Carnahan d'exister par lui-même et de se mettre en boîte de façon judicieuse. D'abord, parce que L'Agence tous risques au cinéma est précisément un film qui a compris comment il devait aborder sa déclinaison mais surtout parce que c'est clairement l'un des meilleurs du genre. On est, par exemple, plus près d'un Mission : Impossible 3 (et même au-delà) que de trucs ni faits ni à faire comme Le Saint ou Chapeau Melon et bottes de cuir.
Deux sentiments prédominent le visionnage du film. D'abord, que la quasi majorité des décisions prises pour lui donner vie ont été les bonnes. Ca ne fait plus un pli, après le sous-estimé mais pourtant sympa Mise à prix, Joe Carnahan était clairement l'homme de la situation pour faire de cette fameuse série toute en sueur le film d'action qu'il méritait d'être. Un réalisateur qui se fait constamment plaisir et dont l'enthousiasme transpire par les pores de chaque séquence, c'est forcément communicatif. Même topo pour le casting pour qui les rôles semblaient déjà avoir été écrits à l'époque. Liam Neeson et Bradley Cooper en tête, qui s'éclatent comme des mômes, mais également le successeur de Mister T que l'on a eu la décence ici de ne pas singer à grand coup de quincaillerie, mais d'en faire une variante de Barracuda. Un charisme différent, mais une présence identique, même si la morale tournant autour du personnage demeure quelque peu... curieuse. La très légère - mais vraiment, vraiment légère - déception incomberaient, non pas à Sharlto Copley (le héros de District 9) mais plutôt à l'importance offerte à son personnage de Looping, un peu trop en retrait comparé aux autres. Même si c'est à ce dernier que l'on doit l'une des plus belles séquences du film lors d'une improbable évasion, évasion qui réalise par ailleurs un charmant pied de nez à l'utilisation en masse de la 3D dans le cinéma moderne. Ca en dit long sur les inspirations de L'Agence tous risques (bien plus 80's) mais on vous laisse la surprise.
L'autre gros atout de cette affaire, c'est que l'on atteint pendant la quasi-totalité du film un sentiment de jubilation entretenue avec inventivité et surtout générosité. Sorte de Charlie's Angels en moins froufrou, moins rose bonbon et surtout brandissant beaucoup moins haut sa pancarte "Hé ho, je suis fun !", le spectacle use et abuse avec efficacité sur tout ce que l'on peut aimer dans le divertissement populaire bordeline, sans pratiquement jamais prendre le temps de souffler. On pourrait bien évidemment évoquer la séquence du char d'assaut (à peine entraperçue dans la bande annonce) comme point d'orgue, mais c'est tout le film qui est à peu près entièrement comme ça. Ponctué de séquences fortes s'enchainant miraculeusement en toute justification et appuyé par la composition d'un Alan Silvestri décidement bien inspiré ces derniers temps. Ca ne rend pas nécessairement le film plus intelligent, mais ça lui évite de passer pour un machin tarte, composant l'intrigue de ce long métrage comme le prologue anachronique à la série que nous connaissons. Le résultat est en plus suffisamment réfléchi pour être à la fois respectueux du concept original tout en se démarquant de quelques gimmicks de références faciles qui auraient pu le plomber. Enfin si, il y en a un pas mal, et il faudra rester après le générique pour le voir.
Si l'on devait lui chercher un vrai défaut, L'Agence tous risques souffrirait de mettre la barre tellement haut dans sa première heure (juste géniale) que sa seconde partie semblerait batailler sensiblement en deçà, mais il n'y a pourtant pas de quoi casser l'ambiance. On retrouve de vieux potes et on s'amuse avec. Les vacances avant l'heure, yeah !
Article publié le 3 juin 2010