L'Aigle de la Neuvième Légion
Le 02/05/2011 à 17:23Par Aurélie Vautrin
Ne vous fiez pas à son titre à faire peur à un amateur de documentaire sur les oiseaux, L'Aigle de la Neuvième Légion est la nouvelle réalisation de Kevin MacDonald, à qui l'on doit rien de moins que le puissant et oscarisé Dernier Roi d'Écosse. Entouré du GI Joe Channing Tatum et de l'ex Billy Elliot Jamie Bell, il saute dans la brèche ouverte par Gladiator il y a quelques années et signe un péplum rythmé par des combats épiques, visuellement somptueux, qui lui permet de prouver une nouvelle fois son immense talent de réalisateur aiguisé. Malheureusement, un scénario convenu jusqu'au dernier coup de couteau l'empêche de devenir une référence du genre, et le cantonne au rang de divertissement bien fichu.

Se basant sur des faits réels - la 9ème légion a bel et bien disparu quelque part en Ecosse - l'écrivain Rosemary Sutcliff a imaginé une sorte de "Mission Impossible chez les Barbares", dans laquelle un homme musclé comme un taureau va jouer les chiens fous de l'autre côté du mur, pour retrouver l'emblème perdue de sa nation et l'honneur de sa famille. Mais là où il aurait fallu de l'audace, de la puissance et des tripes, le film s'englue dans une débauche de grandes valeurs, assénant ses leçons de courage et de sacrifice à qui voudra bien les entendre. Avec en prime un cours de patriotisme à faire pâlir un Marine, et une analogie grosse comme une montgolfière à l'Amérique d'aujourd'hui... Très vite, le film perd donc de sa substance, et même la musique sublime d'Atli Örvasson n'y changera rien. Ne comptons pas non plus sur l'interprétation des acteurs, car si Jamie Bell reste droit dans ses spartiates et arrive à convaincre en esclave dévoué, difficile de faire plus monolithique que Channing Tatum, qui peine à faire éprouver compassion et émotion aux spectateurs.
Ne reste donc que la mise en scène pour faire de L'Aigle de la neuvième légion une belle curiosité. Car Kevin MacDonald y confirme une nouvelle fois tout le bien qu'on pensait de lui, faisant preuve d'un sens du visuel et de l'esthétique absolument époustouflant, proposant un travail sur le son extrêmement ciselé, notamment dans les scènes de combats, sans oublier une mise en scène précise, ultra soignée, portée par une photo de toute beauté. De ce fait, L'Aigle de la neuvième légion n'est pas un mauvais film, loin de là, et nombreux seront sans doute ceux à en faire l'éloge. Mais on ne vous cache pas que l'on attendait plus du nouveau Kevin MacDonald que ce bel objet un peu trop creux pour déchaîner les passions.
Date de première publication de la critique de L'Aigle de la 9ème légion : 9 mars 2011 à 11h03