L'Homme qui voulait savoir
Le 14/10/2007 à 08:01Par Sabrina Piazzi
Le cinéaste néerlandais (mais né à Paris) George Sluizer est peu connu du grand public mais demeure un cas atypique dans le cinéma pour avoir signé un remake de son propre film aux Etats-Unis (comme Alfred Hitchcock pour L'Homme qui en savait trop, Ole Bornedal pour Le Veilleur de nuit et plus récemment Michael Haneke pour Funny Games). Réalisé en 1992, celui-ci s'intitule La Disparue et met en scène Jeff Bridges, Kiefer Sutherland et Sandra Bullock. A l'origine de ce film, il y a donc L'Homme qui voulait savoir, adapté du roman de son compatriote Tim Krabbé L'Oeuf d'or, réalisé en 1988 et récompensé à travers le monde.
Si le remake est plus connu que le film original, c'est d'autant plus dommage que L'Homme qui voulait savoir est sensationnel, éprouvant voire carrément insoutenable. Bernard-Pierre Donnadieu, impérial, trône dans ce film diabolique qui parvient à rendre un monstre père de famille et torturé à la fois humain et intelligent. Dès les premières séquences, le malaise s'installe comme lors de cette scène du tunnel ouvrant le film où le cinéaste conditionne le spectateur dans l'appréhension. Le rythme est soutenu tout du long, le cinéaste innove en proposant une narration quelque peu éclatée à l'aide de flashbacks et la reprise d'une même séquence vue sous plusieurs angles dont le seul repère temporel consiste à une étape du Tour de France entendue en fond sonore.
Diaboliquement ficelé, viscéral et surtout cauchemardesque, L'Homme qui voulait savoir (ou Spoorloos de son titre original) est un drame universel qui questionne le spectateur sur sa propre maîtrise de la peur, les conflits internes et l'impossibilité du deuil dans le cas d'une disparition. L'Homme qui voulait savoir est aujourd'hui à découvrir en dvd grâce aux bons soins de l'éditeur Carlotta.