L'Ile de Nim
Le 07/04/2008 à 15:32Par Elodie Leroy
L'Ile de Nim offre un univers sympathique avec des animaux mignons tout plein et un décor propice à l'aventure. Malheureusement, le film ne dépasse jamais le stade du pur divertissement enfantin en ne développant aucun de ses atouts, si ce n'est le temps d'une ou deux scènes comiques, et ne nous épargne pas les clichés du genre. Les enfants apprécieront peut-être mais les adultes risquent fort de trouver le temps long devant ce film auquel il manque un ingrédient majeur : l'imagination. Découvrez ci-dessous notre critique complète de L'Ile de Nim.
Présenté comme un film pour enfants dans la veine d'un Secret de Terabithia, L'Ile de Nim n'a pourtant pas grand chose à voir avec ce dernier. Les deux longs métrages ont certes en commun d'être adaptés de romans provenant de la littérature enfantine et de reposer sur un scénario induisant une petite dose d'aventures, et donc une bonne dose d'effets spéciaux. Mais là où Le Secret de Terabithia abordait de vraies questions associées au mal-être des préadolescents, L'Ile de Nim s'en tient aux enjeux les plus basiques. Là où Le Secret de Terabithia faisait poindre une émotion rare, L'Ile de Nim ne nous épargne pas quelques moments de niaiserie. Là où Le Secret de Terabithia parvenait à conquérir le public adulte par sa fraîcheur et sa profondeur inattendue, L'Ile de Nim risque fort de faire bailler les parents tenus d'assister à la projection en compagnie de leur progéniture.
On se demande bien ce qu'une actrice de la classe de Jodie Foster vient faire dans cette galère. Cela dit, il faut peut-être se réjouir de sa présence puisque ses scènes constituent le principal élément de divertissement pour le public ayant dépassé les 12 ans d'âge, son petit numéro de romancière agoraphobe qui dialogue avec son personnage parvenant à décrocher plus d'un sourire. Pour les enfants, L'Ile de Nim s'avère bien vite inoffensif. Ou presque, les productions enfantines hollywoodiennes n'ayant pas encore rompu avec cette vieille habitude de se moquer des obèses, histoire de transmettre un message éducatif. Mis à part ces débordements, assez mineurs dans le film heureusement, L'Ile de Nim valorise le respect de mère Nature, la débrouillardise, la lecture et le contact aux autres. Que c'est beau. On ne cherchera pas le réalisme psychologique dans le portrait de la jeune Nim, une enfant de 11 ans qui ne fréquente aucun jeune de son âge et ne bénéficie d'aucun interlocuteur, si ce n'est une otarie, un pélican et un iguane. Cela ne semble poser aucun cas de conscience particulier à son père qui trouve sans doute bien pratique de l'avoir pour faire la cuisine. On ne cherchera pas non plus le réalisme tout court, cette petite famille vivant tranquillement sur une île qu'ils sont soi-disant les seuls à connaître mais qui leur permet tout de même d'avoir accès à l'Internet haut-débit ! Au-delà de ce constat, il est dommage que le film ne développe pas davantage son univers, ce dernier se résumant à une maison, une plage et un volcan. Quant aux sources de danger, elles s'en tiennent aux vieilles rengaines habituelles, telles que la menace touristique. Des perspectives d'aventures bien restreintes pour les enfants d'aujourd'hui.
Si la jeune Abigail Breslin (Little Miss Sunshine) s'avère avoir suffisamment de présence pour tenir en grande partie le film sur ses épaules, ce n'est guère le cas de Gerard Butler (300, P.S. I Love You), décidément plus à l'aise dans le péplum que dans un contexte moderne. On ne retiendra donc du film que les prestations de ses deux actrices, quelques séquences sympathiques telles que le lancer d'iguanes, et le Beautiful Day de U2 dans le générique de fin, qui ferait presque pardonner un dénouement aussi convenu que mielleux. On en sort toutefois avec une certitude : ce n'est pas parce qu'un film s'adresse à un public enfantin que le réalisateur et les scénaristes peuvent se permettre de mettre leur imagination en veilleuse. Il y a plus de vingt ans, Richard Donner signait Les Goonies.