La fille de Monaco

« Le premier film avec Louise Bourgoin ». Voilà comment fût surnommé il y a quelques mois le nouveau film d’Anne Fontaine après l’annonce de son casting. Un résumé de prime à bord réducteur, qui démontre certes l’énorme côte de popularité de la miss météo du grand journal de Canal +, mais qui reflétait avec justesse que mise à part cette originalité dans la distribution, personne n’attendait rien de La fille de Monaco. Ne tenez donc qu’à Anne Fontaine qu’à faire taire les persiffleurs, en prouvant que son dernier film ne valait pas le déplacement que pour la présence à l’image de la blonde déjanté du petit écran. Las, au final, La fille de Monaco rate le coche sur tous les tableaux en ne nous offrant guère mieux que la moyenne des comédies dramatiques françaises actuelles.

Centré sur l’évolution d’un trio amoureux dans l’enfer monégasque entre un avocat bavard (Fabrice Lucchini, qui pour changer fait du Lucchini), un garde du corps taciturne (Roshdy Zem, très bien) et une bimbo manipulatrice (Bourgoin) le scénario du film ne parvient jamais à décoller et se montre très vite prévisible quant à son dénouement faussement non-convenu. On se lasse donc bien vite de ces saynètes très théâtrales, d’autant plus que les personnages dépeints par Fontaine se trouvent très sous-exploités, voire carrément sacrifiés sur l’autel du stéréotype. Mis à part le personnage de Lucchini qui arrive à évoluer d’un iota entre le début et la fin du film, passant de l’état de blablateur qui se touche à celui de blablateur qui couche, les protagonistes n’arrivent qu’à de trop rares moments à exister sur la pellicule, ce qui a pour conséquence déplorable de plomber l’intérêt que l’on peut avoir pour leur petites histoires de fesses et luttes de pouvoir.

Reste donc ce que tous les mâles en rut de France et de Navarre attendaient : de jolis plans sur les hanches de Louise et, comble de la complaisance, un bout de sein dévoilé au détour d’un plan. Un plan qui arrive comme un passage obligé du bon film français qui se veut lancer la carrière d’une actrice, respectant la tradition hexagonal du nu artistique. Comme si pour prouver qu’on est à fond dans son rôle, il fallait absolument se foutre à poil... Nous ne sommes bien évidemment pas contre, puisque dans l’absolu la donzelle est foutrement aguicheuse (et qu’on ne taxe pas de machisme, la promo entière du film tournant autour d’une scène ou la belle blonde enlève sa culotte, si c’est pas du racolage ça ! ), mais ça ne suffira jamais à faire un bon film. Mais l’essentiel reste là : Louise est belle et crève l’écran de sa présence avec son minoi ravageur et son sourire revolver. La fille de Monaco restera « le premier film avec Louise Bourgoin » et rien de plus.