La Grande Aventure Lego, la surprise de ce début d'année ! [Critique]

La Grande Aventure Lego : la critique du film

Propos : Emmet est un petit personnage banal et conventionnel que l'on prend par erreur pour un être extraordinaire, capable de sauver le monde. Il se retrouve entraîné, parmi d'autres, dans un périple des plus mouvementés, dans le but de mettre hors d'état de nuire un redoutable despote. Mais le pauvre Emmet n'est absolument pas prêt à relever un tel défi !

"Un voyage euphorisant et surtout intelligent"

La Grande Aventure Lego en français, The Lego Movie en anglais : à l'écoute d'un tel titre, dur de s'imaginer autre chose que la plus vulgaire des réclames, le plus banal des films de commande. Si l'on ajoute à cela que la marque de jouets n'a aucun univers qui lui est propre, et est donc encore plus dénuée d'intrigue qu'une franchise telle que Need for Speed, l'éventualité de se retrouver devant un produit calibré et conventionnel est d'autant plus forte. Mais doté d'un budget de 60 millions de dollars et de leur savoir-faire, Phil Lord et Chris Miller (Tempête de boulettes géantes) ont su déjouer les pronostics des plus cyniques observateurs. Loin des simples caricatures vidéoludiques - neanmoins réussies - de saga comme Star Wars ou Indiana Jones, faisant office de première étape dans la modernisation de l'image Lego, le duo s'est entièrement réapproprié le concept créé en 1949 au cours d'un voyage euphorisant et surtout intelligent.

"Une prouesse technologique aux airs d'exposition pop art"

D'un point de vue formel tout d'abord, la claque est immédiate. Pour constituer leur univers de synthèse, les deux spécialistes de l'animation ne se sont autorisés qu'une seule et unique matière première : les briques emboitables danoises. Personnages, véhicules, bâtiments mais aussi eau, roche, fumée ou même feu, tout est composé de pièces qui seront familières à n'importe quel amateur de Lego. Un choix esthétique qui s'inscrit dans une logique photoréaliste puisque – en hommage à la stop-motion - les animations respectent également les articulations des petites figurines jaunes. Par ces quelques contraintes, le duo se permet d'exploiter à fond les possibilités théoriques du concept Lego sans craindre de dénaturer le matériau de base. En résulte une prouesse technologique aux airs d'exposition pop art, magnifiée par une 3D à la profondeur bluffante.

"La Grande Aventure Lego est une merveilleuse ode à l'imagination"

Cette recherche d'authentisme, on la retrouve aussi dans la trame même de la Grande Aventure Lego, l'histoire étant racontée du point de vue d'un enfant. Une approche qui donne ici encore une liberté presque totale à Lord et Miller dans l'élaboration de leur scénario, et qui éloigne d'office le spectre de l'incohérence. Il n'y a dès lors rien d'étonnant à voir des personnages issus de la culture populaire, tels que les super-héros DC Comics, des stars de la NBA, ou des protagonistes d'Harry Potter, faire irruption à l'improviste en plein milieu du récit. Dire que le duo s'en est donné à cœur joie relève ainsi de l'euphémisme tant le film regorge d'idées toujours plus farfelues, sublimées par un humour geek qui fait mouche à tous les coups (les doublages en VO y sont pour beaucoup). Satire sociale enfantine qui tourne même en dérision son format de publicité payante, La Grande Aventure Lego est en définitive, et avant toute chose, une merveilleuse ode à l'imagination.