La Planète des Singes Le Nouveau Royaume : une vraie réussite ! (notre critique)
Le 08/05/2024 à 23:21Par Maxime CHAO
Notre avis
Mine de rien, ça fait 7 ans que le dernier film La Planète des Singes, sous-titré Suprématie, est sorti. C'était en 2017 et pourtant je m'en rappelle comme si c'était hier. Sans doute parce que les travaux de Matt Reeves étaient mémorables, lui qui avait compris comment opposer les deux races : singes et humains. Une confrontation qui s'est terminée en faveur du peuple simiesque, malgré la mort de César, le singe originel. C'est d'ailleurs le postulat de départ de ce nouveau Planète des Singes - Le Nouveau Royaume qui repart presque d'une feuille blanche. Nouveaux personnages, nouveaux enjeux, nouveau réalisateur, plus jeune évidemment, et peut-être le début d'une nouvelle trilogie, l'idée étant de continuer à creuser dans le lore de l'oeuvre écrite par Pierre Boulle, tout en imaginant de nouvelles choses. Et bien non seulement, c'est plutôt bien fichu, mais techniquement, c'est encore plus abouti.
La Planète des Singes au cinéma, c'est une franchise qui se porte pas mal. Neuf films, et deux séries-télé en un demi-siècle, qui ont généré plus de 2 milliards de dollars au box office ; on peut le dire, le roman original de Pierre Boulle est devenu un véritable objet de la pop culture et d'une certaine forme de science-fiction. Saviez-vous que notre Pierre Boulle à nous a eu l'idée de son roman en 1962 lors d'une visite d'un zoo en observant des gorilles dans leur cage. Il a non seulement été impressionné par leurs expressions quasi humaines, mais il a aussitôt imaginé à inverser les rôles. Et si c'était ces grands singes qui étaient les gardiens du zoo, pendant que les être humains étaient parqués dans des cages ? C'est comme ça qu'il a eu cette idée de cette planète mystérieuse où les singes dirigent le monde, pendant que les Humains sont retournés à l'état d'animaux sauvages. Jusqu'à présent, les films avait traité les conséquences et les origines de cette inversion des rôles, mais pas la transition. C'est exactement ce que La Planète des Singes Le Nouveau Royaume va tenter de faire, c'est-à-dire mieux nous expliquer comment les Singes ont continué à évoluer alors que les humains eux ont continué à régresser.
Pour mettre en image tout cela, Hollywood a embauché un certain Wes Ball que vous connaissez sans doute, alors peut-être pas pour son nom, mais au moins pour ses travaux, puisque c'est à lui qu'on doit la trilogie Le Labyrinthe. Il est né en 1980, il fait donc partie de cette génération de cinéaste qui a grandi avec les codes de la pop culture, mais aussi du jeu vidéo et il y a pas mal de moments dans son film qui fait écho à certains titres, comme The Last of Us ou Horizon, qui partagent évidemment cette même thématique du post-apo où l'Humanité est revenu à un état presque primaire et que la nature a repris ses droits. D'ailleurs, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le prochain film de Wes Ball n,'est autre que l'adaptation de Zelda au cinéma. C'est lui qui a été choisi par Nintendo et Sony Pictures pour donner vie à Link et Hyrule. Hâte de voir le résultat, surtout après ce qu'il a réussi à faire dans ce Planète des Singes Le Nouveau Royaume.
DON'T WANNA BE A MONKEY WRENCH
D'ailleurs, petit rappel, mais l'histoire de ce 10è film est bien la suite de la trilogie initiée en 2011 par Rupert Wyatt, puisqu'elle se déroule 300 ans après les événements de l'épisode Suprématie et donc de l'ère César. Ce dernier n'est plus, mais étant donné qu'il est le singe originel, celui qui a commencé à parler, il est érigé comme une référence, un prophète, un Dieu même quelque part. Ses actions, ses paroles ont eu un impact sur l'héritage qu'il a laissé auprès de tous les singes, qui dominent désormais un monde ravagé où la nature a repris ses droits. Mais là où le film de Wes Ball est intéressant à plus d'un titre, c'est qu'il va explorer les conséquences de cette évolution chez les singes. Ils savent parfaitement tous parler, quels que soient les clans, les races ou leurs origines, mais surtout, ils ont pris conscience que la connaissance est un pouvoir extrêment puissant. "Knowledge is power" disait Francis Bacon en 1597 et c'est d’ailleurs l'un des grands principes des enseignements de César, en plus d'avoir répété inlassablement "Apes Together Strong". C'est justement ce qui va driver le fil conducteur du film, qui va rapidement nous faire comprendre que l'évolution n'a pas eu que des effets positifs. Parce que à mesure que les singes se rapprochent de l'homme dans leur état d'esprit et plus ils se fourvoient. Avec l'intelligence et la conscience arrive la méchanceté, la trahison et surtout la perfidie, tout ce qui compose l'esprit humain et ses émotions.
D'ailleurs, petit rappel, mais l'histoire de ce 10è film est bien la suite de la trilogie initiée en 2011 par Rupert Wyatt, puisqu'elle se déroule 300 ans après les événements de l'épisode Suprématie et donc de l'ère César. Ce dernier n'est plus, mais étant donné qu'il est le singe originel, celui qui a commencé à parler, il est érigé comme une référence, un prophète, un Dieu même quelque part. Ses actions, ses paroles ont eu un impact sur l'héritage qu'il a laissé auprès de tous les singes, qui dominent désormais un monde ravagé où la nature a repris ses droits. Mais là où le film de Wes Ball est intéressant à plus d'un titre, c'est qu'il va explorer les conséquences de cette évolution chez les singes. Ils savent parfaitement tous parler, quels que soient les clans, les races ou leurs origines, mais surtout, ils ont pris conscience que la connaissance est un pouvoir extrêment puissant. "Knowledge is power" disait Francis Bacon en 1597 et c'est d’ailleurs l'un des grands principes des enseignements de César, en plus d'avoir répété inlassablement "Apes Together Strong". C'est justement ce qui va driver le fil conducteur du film, qui va rapidement nous faire comprendre que l'évolution n'a pas eu que des effets positifs. Parce que à mesure que les singes se rapprochent de l'homme dans leur état d'esprit et plus ils se fourvoient. Avec l'intelligence et la conscience arrive la méchanceté, la trahison et surtout la perfidie, tout ce qui compose l'esprit humain et ses émotions.
Et justement, c'est là où le personnage de Noa est parfaitement choisi. A l'écran, il est incarné par le jeune comédien Owen Teague, que le grand public ne connaît pas encore, mais qui pourrait bien exploser dans les années à venir. J'avais vu pas mal de messages qui disaient que ça allait être difficile de passer après le personnage de Cesar, surtout qu'il était incarné par Andy Serkis, qui n'est autre que Mr Performance Capture. Le spécialiste de cette technologie qui est utilisée en permanence dans le jeu vidéo, c'est lui qui l'a démocratisé. Gollum, le King Kong de Peter Jackson, Snoke dans Star Wars Episode VIII, ou bien Baloo dans le live-action du Livre de la Jungle, c'est lui. Dans le JV, il a aussi pas mal oeuvré. Bref, le mec est un crack et forcément, quand on s'appelle Owen Teague, qu'on a 25 ans et que c'est la première fois qu'on fait de la performance capture, on se pose des questions. Mais force est de constater que le résultat est tout bonnement réussi, d'autant que cette nouveauté pour le jeune comédien va de pair avec le personnage de Noah, qui est comme une page vierge quand il se lance dans un voyage pour sauver son clan. Il est jeune, il doute et il va apprendre et êytre influencé par de nombreuses personnes dont il va croiser la route. Ces rencontres vont néamoins lui permettre de se forger son identité et devenir ce nouveau leader qu'on attend tous. Et justement, c'est parce qu'il est lisse au départ que le concept de l'influence sur lui fonctionne à merveille. Dans son périple, il va apprendre à connaître le monde véritable, tout ce qui l'entoure, avec ses moments de joie, de tristesse et tout cela va le façonner, dans le meilleur et dans le pire.
LE VICE HUMAIN
Comme les autres films de la franchise, ce Nouveau Royaume traite de thèmes forts comme l'humanité, l'écologie, mais aussi le racisme, sous toutes ces formes, surtout qu'on va plus loin, puisqu'il est question de deux races qui n'arrivent pas à cohabiter ensemble. Chacun clame l'appartenant et la propriété de ce monde et aucun des deux n'a véritablement raison ni tort. C'est dans la manière de faire que les choses sont intéressantes à analyser. J'aurais bien aimé qu'on aille plus loin dans la chute de l'être humain dans le film, mais cette thématique est malheureusement survolée. Il y a bien des séquences qui explique comment le singe a pris le dessus sur l'homme et c'est toujours très intéressant, mais il y a un déséquilibre entre le traitement des deux espèces. C'est sans doute volontaire, surtout avec ce qui se passe à la toute fin du film, qui peut être interprété comme un twist en fait, mais si vous cherchez des être humains, ils sont juste réduits dans le personnage de Mae, incarnée à l'écran par la jeune Freya Allan qu'on avait déjà vu à l'oeuvre dans la série The Witcher sur Netflix, où elle incarnait Ciri. Franchement, elle se débrouille bien, elle assure même, surtout qu'il y a une vraie progression dans son personnage, avec tous les mystères qui l'entoure. En vrai, ce qui est malin avec ce film, c'est que les Humains sont quasiment absents du film certes, physiquement j'entends, mais l'Humanité est présente partout. L'humanité vers laquelle se dirige ces singes évoluées, ou celle que représente Mae, sous un prisme de survie presque. Mais j'en dis pas plus, car ça vaut le coup de le découvrir par vous-mêmes.
BOSSA NOVA
Concernant la mise en scène, sachez que Wes Ball se défend. C'est loin d'être le nouveau Spielberg attention, mais il sait soigner certains plans, notamment les plans larges, surtout ceux qui semblent avoir été pensés pour l'IMAX. Il y a une certaine grandeur dans certaines de ses images, et ça permet de jauger un peu le monde dans lequel singes et humains évoluent désormais. En revanche, ce qui est super appréciale, c'est que Wes Ball est un homme de terrain et qu'il adore tourner en décor naturels. Dans une récente interview, il expliquait que tourner dans un studio, ça ralentit pas mal les choses, notamment parce qu'il y a la climatisation, alors que tourner dans les conditions réelles, ça apporte une énergie folle et unique. Il y a plus de spontanéité. Et ça se voit directement à l'écran, et c'est d'autant plus impressionnant que le film est bourré d'effets spéciaux et de CGI partout, tout le temps.
A tel point qu'à la fin, on n'arrive plus vraiment à dissocier le vrai du faux. Est-ce que ce plan est full CGI, ou alors c'est un mélange de prises réelles et d'effets numériques ? Il y a une scène de baston à la fin, qui se déroule à moitié dans l'eau, avec un lieu qui se fait inonder et très sincèrement, j'avais du mal à deviner si c'était du full CGI ou si les comédiens étaient plongés dans la flotte avec leur combinaison de performance capture à la Avatar 2. Dans tous les cas, ça prouve que Weta, ce sont les boss du CGI et la preuve est apportée sur un plateau d'argent une fois encore, à tel point qu'ils n'hésitent pas à faire des gros plans sur le visage des singes. C'est là qu'on se rend compte que le tout CGI n'est pas forcément un problème, surtout quand c'est bien utilisé et dirigé. Le problème de ce rejet du CGI, c'est qu'on en bouffe trop et avec une qualité qui s'est considérablement dégradée ces dernières années. La faute à des temps de travail réduit et qui bâcle le résultat final, je ne vous apprends rien.
Pour conclure, sachez que La Planète des Singes Le Nouveau Royaume est une vraie réussite et même une belle surprise également, parce que passer après l'épisode Suprématie (et l'ère César / Andy Serkis) qui avait bien conclu la dernière trilogie, ce n'était pas une mince affaire. Le film a su trouver un nouveau souffle, creuser le lore là où il le faut, et surtout continuer à nous questionner sur la cohabitation presque impossible entre deux espèces qui veulent être le dominant.
Maxime Chao / JeuxActu