La Vie moderne
Le 29/10/2008 à 07:59Par Sabrina Piazzi
Notre avis
Suite et fin de la trilogie entamée en 2001, La Vie moderne de Raymond Depardon confirme ce qui se cachait derrière la rudesse et les sourires fuyants de ses protagonistes vus dans les deux précédents films : la peur de l'avenir, un monde en disparition, le manque d'affection, le poids d'un héritage menacé. En faisant littéralement disparaître sa caméra et en ayant gagné la confiance de ses « héros » de Lozère, d'Ardèche et de Haute-Loire, le cinéaste-photographe dresse un portrait plein de tendresse et de respect envers les paysans rencontrés quelques années auparavant. Comme dans les deux premiers volets, Raymond Depardon parle aux gens, les regarde vivre, capte des instants de vie d'une touchante simplicité, délaisse le format 16mm au profit du 35mm et réalise une fin en apothéose tant sur le plan technique (quels travellings !) qu'émotionnellement. Le préfixe « Profils paysans » disparaît comme si les premiers volets avaient servi d'essais et devaient depuis le début mener à cette Vie moderne, le film rêvé par le cinéaste. Il est évident que les spectateurs ayant vu les deux premiers chapitres, déjà familiarisés avec les personnages, seront émus aux larmes lors du dernier travelling arrière quittant définitivement Marcel, Raymond, Germaine, Gilberte et Paul. Ouvertement cathartique, la trilogie paysanne s'impose comme le testament de cinéma de Raymond Depardon. L'un des plus beaux films de l'année 2008.
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