Le Chihuahua de Beverly Hills
Le 18/03/2009 à 07:49Par Arnaud Mangin
Pas la peine d'attendre noël ni même les vacances d'été pour sortir la petite famille au cinéma, Le Chihuahua de Bervely Hills est pile-poil ce que l'industrie avait besoin de voir débarquer dans le genre. Ni idiot, ni ennuyant, ni mielleux, ce film joue avec sa propre coquetterie et responsabilise le public auquel il s'adresse directement... On n'en demandait pas plus de la part d'un bout de péloche sympa comme tout, qui a en plus la qualité de rendre hommage malgré lui aux sérials d'aventures les plus classiques. Une vraie surprise !
Les réalisteurs de bande-annonce sont bien gentils mais ceux qui étaient en charge du premier teaser du Chihuahua de Beverly Hills en tiennent une sacré couche ! Ils nous avaient en effet fait subir une vidéo toute laide, ressemblant à des restes 3D de Indy 4 avec des chiens numériques encore plus laids, qui dansaient et chantaient la célèbre chanson de DJ Bobo. Certes, c'est de circonstance, mais ça démontre bien dans quel genre de pétrin médiatique s'est retrouvé coincée ce film qui n'avait rien demandé à personne et surtout pas d'être au cœur d'un produit de pop culture particulièrement médiocre. Notre réaction avait donc été comme la vôtre, comme celle de tout le monde : quand nous avons vu cette chose s'agiter pour la première fois, nous nous sommes tenu le front comme s'il allait se détacher du reste du crane. Probablement un geste inconscient quand on sait que le chihuahua de pur race arbore parfois un front pommelé assez hallucinant, comme s'il venait d'une autre planète (tiens, encore Indy 4). La pédagogie animalière s'arrête là, tout comme nos craintes puisque une fois n'est pas coutume à Hollywood, le film s'est montré largement supérieur à sa bande annonce. Une bonne surprise, donc, et assez réjouissante puisque pour le coup, Mickey n'a pas succombé au tout numérique façon Volt (malgré une intrigue relativement proche) pour plonger ses toutous dans une aventure survoltée.
En gros, nous nous attendions à voir une espèce de comédie musicale engluée sous du caramel mou, et au final Le Chihuahua de Beverly Hills confère plutôt à une sorte de A la poursuite du Diamant Vert avec des chiens ! Et comme il s'agit d'un film live, tout le charme de ce style dopé aux SFX se décalque sur nos héros courts sur pattes. Ce qui est d'autant plus malin, c'est que dans ses grandes lignes, aussi maigres soient-elles, l'intrigue pourrait presque être la même avec des êtres humains. Une vraie volonté d'aller trainer du côté des films d'aventures un peu old school où une petite nana un peu duchesse propre sur elle tente d'échapper à un gang de kidnappeurs, aidée par un ancien (chien) policier baroudeur près à se jeter dans l'action le museau en avant. Ici c'est Chloé, une petite femelle chihuahua, avec la voix de Drew Barrymore en VO, qui n'a jamais rien connu d'autre que les trottoirs étoilés de Beverly Hills, plongée malgré elle en Amérique centrale pour échapper à de dangereux molosses et accessoirement mieux comprendre ses origines avant de rentrer chez elle. Lui, le beau gosse, son Indiana Jones à elle (encore ?) c'est Delgado, un berger allemand fonceur, malgré sa perte d'odorat. Et puis il y a Papi, son amoureux transi, chien du jardinier, qui compte bien tirer sa belle du danger où elle s'est fourrée... s'il parvient à la retrouver.
Dans le genre, c'est probablement ce que Disney nous a proposé de moins tarte depuis un moment (Pixar mis à part, bien évidemment), nous livrant sans nul doute le film pour enfants le plus habile qu'on aurait pu espérer. Souvent drôle (l'animal est de toute façon naturellement assez rigolo à regarder), énergique, sans temps mort, renchéri par des personnages secondaires toujours aussi efficaces (le duo souris/iguane assez tordant) et ne s'égarant jamais trop dans une démagogie un peu crapoteuse. Encore mieux que ça, on y explique avec assez d'intelligence aux plus petits que le chien n'est pas un jouet et pose certaines responsabilités quant à l'acquisition d'un animal, ce qui en soit n'est pas un mal de la part d'un studio qui a toujours déclenché des cohues dans les animaleries à chacun de ses films. On regrettera éventuellement les avortements quasi-spécifiques des scènes de bravoure (ou d'action, si on peut appeler ça comme ça), très prometteuses mais malheureusement coupées dans leur élan. Bref, inutile de s'égarer dans de la déformation professionnelle. C'est déjà assez rare comme ça de voir un film pour gosses fonctionner comme sur des roulettes... On aime bien.
NB : Cette critique est rédigée après la vision du film en version originale, sans pouvoir juger du doublage français réalisé par le Jamel Comedy Club.