Le Deuxième Souffle

Voilà la plus grosse déception de l'année ! Vous pouvez oublier Spider-Man 3, rien ne vous prépare à un tel carnage. D'autant que, présenté comme ça, lors d'une bonne promo à la télé, ça donne envie. Prenez le plus beau casting du monde. Prenez le scénario le plus riche et passionnant du cinéma français. Prenez tout ce que vous voulez, ça ne comblera pas les 2h30 d'ennui sidéral que constitue ce Deuxième Souffle où Alain Corneau révèle qu'il en manque (de souffle!). Tout le monde a beau faire la promo un peu partout (chez Ruquier, au JT de Claire Chazal), personne ne peut cacher la faiblesse d'une telle entreprise! En respectant la trame de José Giovanni - le minimum syndical -, en s'alpaguant une photo d'une laideur inouïe signée Yves Angelo, le réalisateur du Choix des armes essaye de faire passer des vessies pour des lanternes en clamant haut et fort qu'il a voulu faire un film moderne et ancien en même temps. Comment dire ? Pas un seul acteur n'est crédible. Pas une scène ne nous fait dire que la version de Melville qui date pourtant de 1966 était mille fois au-dessus. Pas un seul doute ne nous assaille lorsqu'on vous dit clairement que ce remake n'est qu'une fumisterie. Nostalgique ? Poussiéreux, ouais.

A l'époque, Cocteau avait dit de l'original que "l'intrigue, la langue, la noblesse, tout était remarquable". De cette copie infâme, il dirait sans doute qu'il vaut retourner dans sa propre tombe plutôt que de se fader Eric Cantona (la pire idée de casting depuis Smaïn dans le remake du Schpountz - souvenez-vous, le plus mauvais des comédiens français n'arrivant même pas à jouer un mauvais comédien tout court) et Monica Bellucci en manouche blondasse (elle surpasse ses pires interprétations!), plus proche d'un numéro de travelo chez Michou que dans un vrai polar français. Sans oublier Daniel Auteuil en Lino Ventura (il n'y a pas un malaise dans la salle ?) qui nous propose ses pires mimiques de comédiens.

Mais la pire trahison vient de Corneau qui semblait la personne idéale pour mener à bien l'exercice. Son CV permet de se rendre compte qu'il a quand même réalisé quelques classiques du genre (Série Noire jusqu'au Cousin). Non seulement le résultat est dénué de la moindre tension mais surtout on a déjà vu et revu cette confrontation du bien et du mal qui pactise et se brouille. Là, c'est même pas Heat version Julie Lescault, c'est Julie Lescault tout court. Un épisode de série policière mal fichu tout prêt à cartonner lors du prime-time de TF1. Quête de rédemption, bonheur impossible, blablabla. Tous les ingrédients classiques de cette tragédie fataliste sont traités avec l'élégance d'un éléphant dans un magasin de porcelaine ! Maintenant, certains préféreront écouter Laurent Ruquier qui dans son émission du samedi soir vantait comme qualités au film d'être "un film pour le cinéma" (et donc pas pour le dvd) et surtout un "film en couleurs" (et donc pas en noir et blanc, pas chiant donc pour le public de jeunes). Même lui semblait embarrassé pour vendre cette croûte.

Il ne manque plus que le générique de fin assurée par Diam's pour que ça cartonne au box-office. On vous conseillerait presque d'aller voir Sa majesté Minor à la place qui lui au moins possède une vraie identité. Ou même la dernière comédie avec Adam Sandler. Tout mais pas ça !