Le Lit conjugal

L'Ape Regina (en français la Reine des abeilles) est le titre original nettement plus évocateur que celui choisi par les distributeurs français, Le Lit conjugal. Dans ce film, Marco Ferreri aborde des thèmes qui seront alors récurrents dans son cinéma, à savoir le rapport entre dominé et dominant dans la relation entre hommes et femmes, la procréation et l'homme réduit à l'état de fécondateur. Une fois la fameuse « Reine des abeilles » ensemencée, l'homme ne sert plus à rien et peut s'éteindre à petit feu dans la quasi-indifférence générale. Bousculant au passage la bonne parole émise par le Vatican et se moquant ouvertement des traditions romaines ultra-catholiques, Marco Ferreri s'en donne à cœur joie et joue avec la censure grâce à des dialogues crus ou sous-entendus, filme Marina Vlady, vierge effarouchée qui n'hésite cependant pas à se vêtir de bas noirs pour attirer le bourdon magnifiquement interprété par Ugo Tognazzi. Le film a permis au comédien de connaître enfin le succès en France. Marina Vlady a quant à elle reçu le Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes en 1963 doublée d'une nomination aux Golden Globes. Le Lit conjugal se moque des conventions morales et religieuses en jouant sur la double-facette des personnages, castrant pour ainsi dire le personnage masculin en apparence séducteur et animalisant le chaste personnage féminin qui n'est ni plus ni moins qu'une véritable mante-religieuse.