Le Premier Cercle

Après Un Jeu d'enfant et Jean-Philippe, nanar horrifique pour l'un et très chouette comédie populaire fantastique pour l'autre, Laurent Tuel change à nouveau de registre et pose un trait d'union entre les deux satisfactions évoquées. Ni une bonne surprise, ni une surcharge qu'on trainerait comme un fil à la patte, Le Premier Cercle demeure une sincère mais vaine tentative de renouer avec le film de gangsters comme parvenaient à le faire admirablement les français, dans une autre dimension temporelle, en allant fureter ça et là du côté de Verneuil, Lautner, Melville. D'abord parce que Jean Reno, Gaspard Ulliel et Sami Bouajila n'ont rien à voir avec Gabin, Delon et Ventura et qu'à force de regarder derrière lui et de fuir les tendances façon hollywoodiennes (dans le principe, ce n'est pas une mauvaise approche), le cinéaste oublie d'y insuffler le minimum de vitamines nécessaires pour se sortir d'une léthargie un peu trop palpable.

L'atmosphère, le cadre, l'ambiance, tout est là (ou au moins essaye), les acteurs y croient à fond, le genre est respecté dans un premier degré d'une grande sévérité, mais tout ça n'en n'a que le gout. Romancer cela avec un scénario plus solide et une dose de tics contemporains comme le fait un Olivier Marchal aurait sans doute été un plus. Néanmoins, le film garde pour lui une intéressante confrontation père/fils sur l'héritage supposé d'un gang mafieux, une espèce de drame humain pas trop niais sur la voie sans issue que constitue la criminalité.