Le Retour des trois soûlards
Le 04/03/2009 à 17:05Par Yann Rutledge
Dans le Japon de la fin des années 60, l'habit fait le moine. C'est en substance ce qu'affirme Nagisa Oshima dans cet OFNI qu'est Le Retour des trois soûlards. Evoluant toujours loin des conventions d'usage, le cinéaste poursuit la veine humoristique initiée dans la satire politico-sociale La Pendaison en la poussant à un extrême encore inédit chez lui : le burlesque. Nous y suivons trois étudiants contraints de porter des costumes coréens après le mystérieux vol de leurs vêtements. Aux cours de leurs pérégrinations, et malgré tous leurs démentis, ils sont considérés par tous comme d'indésirables clandestins coréens. Sous couvert de film délicieusement pop (les trois étudiants sont interprétés par les membres d'un groupe populaire à l'époque, les Folk Crusaders), Le Retour des trois soûlards délivre une critique virulente contre la guerre du Vietnam (et par extension l'impérialisme américain), le racisme anti-coréen et la mascarade des conventions identitaires rongeant le Japon. Un mélange des genres assumé qui permet visiblement au cinéaste de s'amuser avec les codes narratifs et esthétique, mêlant théâtralité contestatrice (rejouant L'exécution du terroriste Viêt Cong Nguyen Van Lem par le Général Nguyen Ngoc Loan dans Saigon photographié par Eddie Adams) au micro-trottoir (où les passants s'affirment tous Coréens), allant jusqu'à faire revivre une seconde fois à ces trois protagonistes leurs aventures (frappés par une impression de déjà vu, ils changent le cours des événements). Le résultat, forcément inégal, fut très mal reçu par la Shochiku qui rompit par la suite le contrat de distribution qui la liait à Sozosha.