Les Chroniques de Spiderwick
Le 11/04/2008 à 18:15Par Elodie Leroy
Depuis le succès de la franchise Harry Potter, les films fantastiques pour enfants ont le vent en poupe, pour le meilleur (Le Secret de Terabithia) et parfois pour le pire (Eragorn). Adapté des romans de Tony DeTerlizzi et Holly Black, Les Chroniques de Spiderwick se situe incontestablement dans le haut du panier. L'histoire est celle de Jared (Freddie Highmore), un enfant d'une dizaine d'années qui supporte mal l'emménagement de sa famille dans une maison isolée en pleine forêt, un changement radical de mode de vie qui fait suite à la rupture de ses parents. Eloigné de son père qu'il idéalise, en froid avec sa mère (Mary-Louise Parker) qu'il culpabilise de ce divorce, il est aussi constamment réprimandé par sa soeur aînée (Sarah Bolger) et s'énerve de l'attitude fuyante de son frère jumeau Simon (Freddie Highmore bis). Pourtant, peu après leur arrivée dans la mystérieuse demeure, le garçon découvre un vieux grimoire écrit par son arrière-arrière-grand-oncle et dont la simple lecture aurait de terribles conséquences. Sa vision du monde va s'en trouver bouleversée puisqu'il percevra à partir de ce moment les créatures magiques de la forêt, invisibles aux yeux des non-initiés et dont certaines s'avèrent constituer une menace effrayante.
Le premier mérite du film de Mark Waters est d'utiliser intelligemment l'argument fantastique pour enrichir ses personnages, tout en assumant pleinement le genre auquel il appartient en offrant un spectacle de qualité. On l'aura compris, les secrets interdits du vieux grimoire symbolisent les dures vérités auxquelles Jared va devoir faire face, notamment la raison du départ de son père que lui cachent ses proches. A l'instar du très émouvant Le Secret de Terabithia il y a quelques années, Les Chroniques de Spiderwick met en place un univers qui fourmille d'éléments renvoyant directement au cheminement intérieur du héros dans l'épreuve psychologique douloureuse qu'il traverse, quitte à verser dans une certaine cruauté. Si les effets spéciaux fort bien réalisés par ILM font bien entendu partie des réjouissances obligatoires - là où le film de Gabor Csupo restait en fin de compte très sobre - et offrent un bestiaire aussi pittoresque que varié (mention à l'apparition gracieuse des esprits de la forêt), Les Chroniques de Spiderwick trouve surtout sa valeur dans ses différents niveaux de lecture. Porté par des comédiens convaincants, à commencer par le jeune Freddie Highmore (Charlie et la Chocolaterie), le métrage de Waters fait partie de ces films qui séduit à coup sûr le jeune public, lequel profite de l'aventure au premier degré, et qui touche du même coup la corde sensible chez l'adulte en éveillant l'enfant qui sommeille en lui grâce à une réelle authenticité dans la manière de dépeindre les sentiments. C'est ce qui différencie un bon film pour enfants de ces productions Disney qui privilégient les émotions factices, à travers des scénarios calibrés vantant inlassablement et sans aucun discernement les douceurs de la vie de famille. Et c'est aussi pourquoi Les Chroniques de Spiderwick constitue l'une des plus jolies réussites du genre depuis quelques années.