Les Vacances de Monsieur Hulot
Le 29/12/2008 à 10:00Par Sabrina Piazzi
Avec Les Vacances de Monsieur Hulot, Jacques Tati apporte un vent de liberté dans le cinéma français de 1953, jouant habilement sur la forme avec un sens inouï du cadre, obligeant le spectateur à scruter la moindre parcelle de l'écran, mais également sur le fond où le cinéaste traite de la France de l'après-guerre grâce à l'usage de sons provenant de radios ou de discussions portées au second plan avec une économie de dialogues. Après Jour de fête, Jacques Tati donne vie à Monsieur Hulot, grain de sable perturbant la mécanique huilée de la petite société dont il partage ici les vacances d'été. Contrairement à l'ensemble des personnages en villégiature qui reproduisent les mêmes codes sociaux qu'à Paris, seul Monsieur Hulot semble oublier les informations, les discours, la bourse. Cet homme distrait énerve car il semble se moquer d'être en retard, il est bruyant, maladroit, et s'excuse surtout quand il n'y a pas de raison, continuant son chemin sans se retourner. A travers ce personnage aussi reconnaissable que Charlot ou l'homme aux lunettes d'écaille d'Harold Lloyd, le cinéaste bouscule les conventions du gag et de la narration. Un film de Jacques Tati se regarde et s'écoute, prend vie et implique le spectateur. Le cinéaste donne à la comédie française ses lettres de noblesse.