Manipulation
Le 11/04/2008 à 13:18Par Elodie Leroy
Pour son premier film, Marcel Langenneger signe un thriller certes imparfait mais qui n'en est pas moins efficace et soigné. Manipulation ne révolutionne rien et n'est pas dénué de quelques maladresses mais se laisse suivre avec plaisir grâce à son atmosphère sulfureuse et son casting glamour. Une bonne petite surprise.
Au premier abord, Manipulation se présente comme un énième thriller érotique tout juste bon à être regardé confortablement installé devant son petit écran en deuxième partie de soirée. Pourtant, ce premier long métrage de Marcel Langennegger s'avère finalement doté d'une réelle atmosphère, en plus de reposer sur une distribution d'acteurs assez savoureuse. L'histoire s'intéresse à un homme sans histoire et sans vie sociale, Jonathan (Ewan McGregor) dont la vie prend un nouveau tournant le jour où il fait la rencontre de Wyatt (Hugh Jackman). Extraverti, charmeur, sûr de lui au point d'en être presque insupportable, ce dernier affiche un caractère totalement opposé du sien et exerce rapidement une fascination sur lui, incarnant tout ce qu'il a toujours rêvé d'être. Jonathan se laisse rapidement entraîner par Wyatt dans un club de sexe qui donne à ses adhérents l'opportunité de rencontrer sur demande un ou une partenaire anonyme pour quelques heures d'intimité. Mais la vie de Jonathan va basculer le jour où la jeune femme dont il est malencontreusement tombé amoureux disparaît, non sans laisser derrière elle quelques éclaboussures de sang.
Si l'intrigue de Manipulation débute autour d'un club de sexe, Marcel Langenneger a le bon goût de ne jamais sombrer dans la vulgarité, ni même, pour ce qui est des personnages féminins, dans la facilité de l'opposition entre l'amoureuse et la prostituée. S'il y avait ambiguïté sur les diverses partenaires féminines de Jonathan, elle est très vite levée à travers le personnage incarné par Charlotte Rampling, qui résume les motivations de ces hommes et de ces femmes en une réplique sulfureuse : « l'intimité sans l'intrusion ». En plus d'un duo d'acteurs pour le moins plaisant, Langenneger dispose aussi d'un casting féminin très glamour puisque l'on voit défiler parmi les partenaires de Jonathan des actrices telles que Natasha Henstridge (La Mutante), Maggie Q (Naked Weapon, Dragon Squad) ou encore Michelle Williams (Le Secret de Brokeback Mountain). De manière habile, l'érotisme qui constitue le principal intérêt de la première partie est employé pour faire monter la tension, avant d'introduire le suspense sur lequel va reposer le thriller, le film ne dévoilant ses cartes qu'au bout de trois quarts d'heure de bobine. Un peu moins réussie, la seconde partie du métrage nous emmène timidement vers quelques fausses pistes, avant de s'acheminer vers une trame un tantinet classique, bien que glissant vers un petit jeu de confusion d'identité tout à fait intéressant. On ne passera pas à côté de quelques facilités scénaristiques - les professionnels du milieu de la Banque risquent de sourire à une ou deux reprises -, sans toutefois que ces dernières ne décrédibilisent l'ensemble.
Au final, Manipulation s'avère plutôt bien construit mais un peu trop anecdotique pour être mémorable, ne serait-ce qu'en raison d'un dénouement un peu bâclé. Anecdotique sans pour autant se révéler impersonnel puisque l'objet bénéficie d'un soin visuel qui fait réellement plaisir, malgré quelques inégalités dans la photographie. Au-delà d'un argument policier un peu banal, le point fort du film réside incontestablement dans la relation non dénuée d'ambiguïté qui se tisse entre les deux personnages principaux, le face-à-face entre Ewan McGregor et Hugh Jackman tenant suffisamment la distance pour maintenir l'intérêt jusqu'au bout.