Mensch
Le 04/12/2009 à 07:33Par Elodie Leroy
Mélange de drame et de polar existentiel, Mensch dresse le portrait touchant d'un homme arrivé à un carrefour de sa vie, tiraillé entre deux voies possibles reliées à des univers opposés. Ecriture soignée, réalisation classieuse et montage rythmé sont les maîtres mots de ce quatrième long métrage de Steve Suissa porté par l'interprétation tout en nuances de Nicolas Cazalé.
Découvrez ci-dessous la critique du film Mensch
Si le personnage principal de Mensch est un redoutable casseur de coffres, il serait réducteur de voir uniquement ce nouveau long métrage de Steve Suissa (Cavalcade) comme un polar. Non que cette association ait un quelconque caractère péjoratif - notre intérêt pour le genre n'est plus à démontrer - mais Mensch fait partie de ces films qui utilisent les codes d'un univers pour en dépeindre un autre, en l'occurrence celui d'un homme dont les questionnements s'avèrent finalement universels. Mensch nous invite donc à faire la connaissance de Sam (Nicolas Cazalé), un père célibataire de trente-cinq ans tiraillé entre ses activités illégales et le souhait de sa famille de le voir intégrer l'entreprise de son grand-père (Sami Frey). On retrouve quelques clichés typiques du polar existentiel, tels que la présence au sein du groupe de gangsters d'une figure de patriarche tout puissant, mais aussi la notion de la dernière chance et bien sûr l'invitation à faire un dernier coup, qui pourrait être celui de trop.
Pourtant, Mensch ne s'adresse pas à ceux qui cherchent une vision documentaire du milieu des casseurs de coffre. Imprévisible et propice aux montées d'adrénaline, le métier de Sam prend davantage une valeur métaphorique en s'opposant en tous points à la voie toute tracée proposée par sa famille. Avec les meilleures intentions du monde, cette dernière exerce une pression non négligeable sur ce trentenaire qui se cherche encore, tandis que la petite amie Helena (Sara Martins) et le complice Youval (Mickael Abitboul) lui renvoient les visions opposées de deux futurs potentiels. Les thèmes de l'identité et de la transmission sont au cœur du film, s'exprimant à travers la relation que Sam entretient avec son fils mais aussi avec les deux figures paternelles qui l'entourent - son grand père d'un côté et son nouvel employeur de l'autre.
Bénéficiant d'une écriture assez fouillée des personnages, Mensch a aussi pour grande qualité d'aller à l'essentiel, le montage ne laissant place à aucune scène inutile, conférant à la narration une efficacité infaillible. Inspirée dans les moments de tension comme dans les séquences purement dramatiques, la réalisation de Steve Suissa démontre une aisance certaine dans l'utilisation du langage visuel et de la musique sans pour autant se montrer dans le tape-à-l'oeil, laissant tout le loisir aux personnages - et donc aux comédiens - de s'épanouir à l'écran. Nicolas Cazalé tient le film sur ses épaules et délivre une interprétation tout en nuances, atteignant son apogée lors d'un face-à-face particulièrement émouvant avec Sami Frey, qui s'impose comme le moment fort du film.