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Millenium 2 : La Fille qui rêvait d'un Bidon d'Essence et d'une Allumette

Le 28/06/2010 à 11:32
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Notre avis
6 10 Après un premier volet décevant, La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette redresse le niveau grâce à un choix de réalisateur plus judicieux. Daniel Alfredson soigne son atmosphère et introduit une bonne dose de suspense dans ce qui s'avère être un polar honnête et sans bavure. Pourtant, en dépit de ses qualités indéniables et de l'interprétation toujours aussi inspirée de Noomi Rapace, ce second volet demeure trop grand public pour rivaliser avec l'intensité et surtout l'intelligence du roman, la critique sociale subversive se voyant évacuée au profit du pur divertissement. Dommage.
Découvrez ci-dessous la critique du film La Fille qui rêvait d'un Bidon d'Essence et d'une Allumette

 


Critique La Fille qui rêvait d'un Bidon d'Essence et d'une Allumette

Critique La Fille qui rêvait d'un Bidon d'Essence et d'une Allumette

 

On ne présente plus la série de romans Millenium de Stieg Larsson, l'un des plus gros succès littéraires de ces dernières années avec ses 10 millions d'exemplaires vendus à travers le monde, dont près de 3 millions en France. A l'origine, seul le premier volet de l'adaptation filmique, Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, devait sortir en salles, La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette et La Reine dans le palais des courants d'air devant faire l'objet de quatre téléfilms. Mais compte tenu du carton du premier opus dans son pays et de son gros potentiel à l'international, la chaîne SVT a changé d'avis, sachant que les longs métrages sont en réalité des versions condensées de la mini-série récemment diffusée sur le petit écran. Si le premier long métrage sorti en salles en mai 2009 ne nous avait guère convaincus, le second redresse un peu le niveau tant sur le plan de l'écriture que de la mise en scène. Pour un résultat qui n'atteint cependant toujours pas l'intensité du roman.

 

Critique La Fille qui rêvait d'un Bidon d'Essence et d'une Allumette

 

Après l'affaire Harriet Vanger, place à un développement plus poussé du personnage qui constitue pour beaucoup l'attraction majeure de Millenium : Lisbeth Salander. S'il était une qualité qu'il fallait reconnaître au film Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, c'est bien le choix judicieux de Noomi Rapace, alors inconnue au bataillon, pour interpréter la jeune femme au look gothico-punk, sorte de génie de l'informatique douée de surcroît d'une mémoire photographique hors du commun, mais véritablement handicapée sur le plan relationel. La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette s'intéresse à présent au passé de Lisbeth, qui va brusquement ressurgir lorsque trois personnes seront mystérieusement assassinées. Les victimes sont d'une part deux journalistes enquêtant sur une sombre affaire trafic de femmes, affaire qu'ils proposent à Millenium de publier, et d'autre part Nils Bjurman (Peter Andersson), le tuteur de la jeune femme qui l'avait violée dans l'opus précédent. Pour des raisons qui restaient mystérieuses dans le roman mais qui apparaissent clairement dès le début du film, plusieurs indices laissés par le ou les tueurs accusent Lisbeth Salander qui se retrouve alors l'objet d'une traque menée par la police. D'emblée, le film supprime l'un des éléments majeurs du mystère, de même qu'il réduira les personnages secondaires au strict minimum pour faire évoluer l'intrigue.

 

Critique La Fille qui rêvait d'un Bidon d'Essence et d'une Allumette

 

Si l'épuration du scénario fait partie du travail nécessaire à l'exercice d'adaptation, le film se concentre tellement sur son fil directeur - au demeurant bien mené - que le contexte et les éléments annexes s'en trouvent considérablement appauvris. Ainsi, non seulement l'équipe de police mise sur l'affaire s'avère complètement négligée (Sonja Modig et Hans Faste ne sont plus que de simples figurants) mais deux éléments fondamentaux pour comprendre la critique sociale de Stieg Larsson sont tout bonnement évacués : la cabale médiatique dont Lisbeth et son amie Myriam Wu sont l'objet mais aussi l'affaire de trafic de femmes qui se retrouve cantonnée au statut de simple gadget scénaristique. De ce fait, l'histoire est une fois encore amputée de tout le propos féministe qu'il fallait lire entre les lignes. Les scénaristes se sont d'ailleurs appliqués à rendre les personnages d'Erika Berger et Mikael Blomkvist plus sages, moins subversifs. Où est passé le ménage à trois qu'ils forment avec le mari d'Erika Berger ? Ajoutons que si l'on en croit les films, le journal Millenium semble avoir changé de rédacteur en chef au profit de Blomkvist, probablement pour ne pas trop heurter la sensibilité du grand public qui demeure encore bien conservateur dans son approche des rôles associés à chacun des deux sexe.

 

Critique La Fille qui rêvait d'un Bidon d'Essence et d'une Allumette

 

La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette n'en possède pas moins des qualités indéniables, à commencer par un traitement réussi du personnage de Lisbeth Salander. Si son partenaire Michael Nyqvist ne colle toujours pas au personnage de "Superblomkvist", Noomi Rapace fait une fois de plus des étincelles. Ne cherchant pas la pose ni la caricature, l'actrice se révèle toujours aussi charismatique et délivre une prestation d'une justesse irréprochable, dans la violence imprévisible comme dans la vulnérabilité. Ce second volet se distingue aussi du précédent par un choix de réalisateur plus pertinent. Daniel Alfredson (frère de Thomas Alfredson, réalisateur de Morse) remplace Niels Arden Oplev et introduit davantage d'atmosphère en soignant son image, mais aussi plus de suspense grâce à une meilleure gestion du rythme. En outre, même si la franchise se veut toujours aussi grand public, on retrouve la brutalité sèche des scènes d'action déjà constatée dans le premier film, ce qui change radicalement des productions américaines. On préfèrera toujours n'importe quel opus de la trilogie Red Riding, le pendant anglais de Millenium version cinéma, mais La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette demeure comme un polar honnête et divertissant. A condition d'oublier le roman d'origine.

 







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