Molière
Le 02/10/2006 à 20:37Par Laurent Tity
Après un excellent premier long-métrage, Mensonges et trahison..., à la fois drôle et touchant mais ancré involontairement dans une mouvance, pour ne pas dire une mode, des films sur la crise de la quarantaine, Laurent Tirard s'attaque avec Molière à un monstre sacré de la culture française. Or qui dit sacré dit intouchable. Il fallait donc ruser et trouver le bon angle d'approche pour réussir ce pari risqué. Le réalisateur l'a parfaitement compris, prenant le parti d'exploiter un trou noir dans la biographie de l'auteur. L'occasion était trop belle, et Tirard en profite pour nous conter une histoire totalement fantasmée, rassemblant des morceaux choisis de l'œuvre du maître.
Une manœuvre habile qui coupe de suite la chique aux puristes tout en permettant aux néophytes de découvrir la richesse et la pertinence des écrits de Jean-Baptiste Poquelin. D'autant que les comédiens se donnent corps et âmes, à commencer par Romain Duris, ayant la lourde tâche d'interpréter Molière. Edouard Baer et Fabrice Luchini sont aussi parfaitement à l'aise. La plus grande force du film est sans doute de parvenir à créer une véritable atmosphère de cinéma, tout en déclamant des textes écrits pour le théâtre. Et cerise sur le gâteau, Laurent Tirard apporte une touche très personnelle à l'ensemble, terminant sa comédie sur une note franchement tragique, là où déjà Mensonges et trahison... prenait un tournant étonnamment émouvant après une heure et demi d'humour déjanté.