Monstres contre Aliens
Le 21/03/2009 à 19:05Par Arnaud Mangin
Après des années à ne faire que du sous-Pixar, les studios Dreamworks rectifient le tir lentement mais surement avec ce Monstres contre Aliens. Un peu bancal, souffrant malheureusement d'un scénario écrit par-dessus la jambe pour faire régner en maitre une fois encore le postulat de ''l'amitié est plus forte que tout'', mais assurément au dessus de ce que le studio nous a livré jusqu'à maintenant. Un opus qui a au moins le mérite d'être un vrai grand spectacle généreux dans sa première et meilleure partie. Un hommage aux grands classiques du cinéma alternatif d'antan, relativement bien soigné, tout de même drôle et soutenu par un Seth Rogen (en VO) en forme hyper olympique !
Dreamworks Animation n'a jamais été en odeur de sainteté. Le studio nous a en effet trop habitué à enchainer déception sur déception, à force de films infantilisants, mal écrits, en simulant un semblant d'intérêt auprès du public adulte à grands coups de références à la pop culture contemporaine (démodées en moins de 6 mois) et d'anachronismes plus faciles les uns que les autres. Pour le reste, les stars prêtant leurs voix aux projets allêchaient le spectateur. Nous avions atteint une certaine apogée avec Shrek 3, roi de cette recette, de quoi ne plus rien attendre artistiquement du studio et surtout ne pas nous préparer à son revirement récent. Le premier signe fût Kung Fu Panda, qui, certes, s'affuble encore et toujours de gags patapoufs, mais qui a réussi à trouver un compris pas forcément inintéressant entre les possibilités de l'animation et une certaine culture de la Kung Fu comédie plutôt bien respectée. Monstres contre Aliens, sans être aussi bon que son postulat laissait espérer, emprunte cette même voie qualitative. Si l'on regarde donc l'histoire du studio Dreamworks Animation, ce revirement artistique lui redonne soudainement de l'intérêt et il faudra dorénavant surveiller leurs prochaines productions de prêt.
Malheureusement Monstres contre Aliens ne fait pas encore partie des titres qui permettront au studio de se hisser à la hauteur de la concurrence, pour des raisons finalement assez logique si Dreamworks Animation persiste dans ses méthode de travail. Car nous revoilà face à quelques gags lourds et une vraie lacune d'écriture qui pense le film non pas en tant que véritable œuvre de cinéma à part entière, mais plutôt une succession d'idées qui s'enchainent plus ou moins bien raccordées les unes aux autres. Dommage, parce que si jusqu'à maintenant, il n'y avait rien à regretter des films du studio, Monstres contre Aliens conserve dans son escarcelles de nombreuses choses qui auraient pu en faire un très bon film s'il avait été construit avec plus de soin. En particulier sur son histoire, qui démarre admirablement fort, appuyée par une véritable atmosphère de genre un peu rétro qui offre un charme indéniable au projet. Un peu comme si les monstres de la Hammer croisaient la route des martiens de Robert Wise.
Dans sa première partie, Monstres Contre Aliens plait. C'est indéniable et les cinéphiles un peu bisseux qui n'ont pas oubliés leurs classiques dans un coin de leur tête se réjouiront assez des multiples relectures de L'attaque de la femme de 50 pieds, Le Blob, La créature du Lagon Noir, Opération Tonnerre, La Mouche, Mission impossible, Mr Maggoo, Godzilla, le tout dans une atmosphère à la croisée des chemins des films fantastiques, d'espionnage et de science fiction des années 50/60 (au point d'utiliser des notes fantomatiques de thérémine). Rien de neuf certes depuis Les Indestructibles de Brad Bird, au point de lui piquer quelques inspirations musicales et designs graphiques, mais ce n'est franchement pas grave. D'ailleurs on aurait bien aimé que le film continue dans ce sens. Sitôt les enjeux posés (des aliens débarquent et un général un peu frapadingue responsable de la zone 52 suggère d'envoyer des monstres gardés secrètement pour affronter les nouveaux visiteurs) et surtout après une spectaculaire scène d'action en plein cœur de San Francisco, le film baisse soudainement d'un ton pour basculer dans la mentalité maison propre à Dreamworks Animation, très premier degré, comme pour se rappeler que le film s'adresse aux tous petits. A notre grand désarroi, le film bascule dans sa seconde moitié dans une espèce de démagogie infantilisante dont il s'était abstenu avec ingéniosité jusque là.
Dommage (encore) que ces égarements éloignent Monstres Contre Aliens de l'excellent divertissement qu'il construisait pourtant dans ses grandes lignes pour ne plus trop répondre à ses promesses. Néanmoins un personnage maintient tout ça bien au dessus de l'eau (que ce soit dans la seconde ou la première moitié) : Bob, un blob campé par l'hilarant Seth Rogen en VO (et bien moins efficace en français) dont le caractère transpire littéralement de cette chose invertébrée. Assurément le vrai gros point fort du film qui fait de la majorité de ses interventions, des vrais moments drôles (les seuls...). Autre réconfort, découvrir le film en 3D dans une salle spécialisée décuple d'autant plus le plaisir, puisque la réalisation a été ingénieusement pensée pour ça !