Monuments Men : La guerre c'est (presque) cool [Critique]

Monuments Men : la critique du film

En pleine Seconde Guerre mondiale, sept hommes qui sont tout sauf des soldats entrent en plein cœur du conflit pour sauver des œuvres d’art volées par les nazis.

Avec Il faut sauver le soldat Ryan, Steven Spielberg réalisait en 1998 un film profondément humaniste où la rédemption de ses protagonistes au sortir de la seconde guerre mondiale se cristallisait dans l’écho d’une question à priori absurde : "Faut-il risquer la vie de huit hommes pour en sauver un seul ?". Seize ans plus tard, George Clooney acteur / réalisateur / co-scénariste dépeint avec Monuments Men l’histoire vraie de sept hommes partis au front afin de sauver le patrimoine artistique européeen et pose quant à lui la question : "Faut-il risquer des vies humaines pour sauver des œuvres d’art ?".

Mais la comparaison entre les deux films s’arrête là. En effet le traitement de l’histoire de Monuments Men par Clooney s’inspire avant tout de films tels que La Grande Evasion, Les 12 Salopards ou encore Les Canons de Navarone auxquels il emprunte un ton plutôt léger, parfois drôle mais sans jamais faire oublier la présence, en filigrane, du drame et de l’horreur de la guerre. Le conflit historique sert ainsi de décor à un grand film de casse à échelle mondiale, une sorte d’Ocean’s Twelve 1945 avec son casting 5 étoiles, son recrutement cocasse, son entraînement chaotique, ses constantes courses contre la montre et ses plans plus ou moins bien huilés.

L’histoire débute donc par la présentation et l’entraînement particulièrement amusant de cette fine équipe de bras cassés, trop vieux pour le combat et auquel personne ou presque ne croit - trop vieux pour ces conneries, certes, mais poussés par leur indéfectible amour de l’Art et leur sincère conviction que le salut des hommes passera par le sauvetage et la conservation des plus précieux trésors artistiques de l’humanité. Et puis le groupe se sépare aux quatre coins de l’Europe et le film devient un enchevêtrement de séquences et de situations dans lesquelles aucun des acteurs ne parvient véritablement à briller. De toutes ces histoires disparates qui peinent à trouver l’empathie du spectateur, c’est finalement dans la lutte perpétuelle du personnage de Claire, une résistante incarnée par Cate Blanchett, que naîtra la petite émotion indispensable à toute représentation cinématographique du plus grand conflit de notre Histoire.

En jouant constamment sur les codes du film de guerre (les nazis terrassés, les Russes deviennent le nouvel ennemi) et sur les codes du film de casse (avec un esprit de camaraderie en proie au drame), le film se retrouve bien vite prisonnier d’une curieuse dichotomie, entre l’agréable divertissement d’un film choral porté par des acteurs immensément talentueux et la gravité des situations dans lesquelles leurs personnages évoluent. On regrettera notamment un scénario qui peine à faire vibrer entre rires et larmes comme y parvenait en son temps un film comme La Vie est Belle de Benigni, un rythme décousu victime d’un montage peu inspiré et une mise en scène qui n’est définitivement pas à la hauteur du savoir-faire de George Clooney en la matière. Cependant, il n’en demeure pas moins que l’on pardonne tout ou presque à cet honnête divertissement décomplexé, tant ce fabuleux morceau d’Histoire méritait d’être raconté afin de remettre en lumière certaines œuvres majeures (L’Adoration de l'Agneau Mystique et la Madone de Bruges en tête) et surtout pour que la passion et la dévotion de ces hommes et femmes rejoignent leurs nombreuses œuvres d’art sauvées, quelque part dans l’immortalité de notre histoire commune.