Mother Of Tears de Dario Argento
Le 28/01/2008 à 12:03Par Arnaud Mangin
Hier nous vous annoncions que George A. Romero était fou. On reste sur nos positions, il a voulu s'amuser, se lâcher, au point qu'on lui pardonne cette décadence folle. Du délire, quoi... Et pourtant rien, mais alors vraiment rien ne nous avait préparés au gros pétage de plombs atomique qu'est Mother Of Tears ! Le film de clôture attendu depuis le début du Festival par le public présent et depuis 25 longues années pour ses fans les plus assidus. Une entreprise colossale, donc, à qui on ne pardonnerait rien si elle trahissait Les frissons de l'angoisse et Suspiria. Un film de clôture, ce n'est pas rien quand même ! Le grand Jury a récompensé ceux qui le méritaient, la foule est en délire, les flashs crépitent de toutes parts, le chauffeur de salle annonce le film comme le gros cadeau de fin, un film qui n'est lui-même pas encore sorti aux Etats-Unis, et les nombreuses personnes présentes ne peuvent l'être que sur invitation. Autant dire que la projection est quasi-événementielle ! Faut-il parler de trahison ? Non, c'est encore bien pire que ça. Le père Dario est complètement fini, achevé, enterré, lessivé, à cette seule exception qu'il a provoqué l'hilarité non-stop comme personne d'autre durant ces quatre jours. La plus infâme farce du Festival !
Et oui, La Terza Madre c'est la der des ders, et franchement on est bien contents. En gros, Argento succombe à la mode des revivals à l'américaine pullulant depuis quelques temps et espère faire un film pour des fans aujourd'hui plus calés que lui sur son propre cinéma, agissant comme un geek n'ayant plus le moindre respect pour ce qu'il a bâti. Wesh cousin, sa Mère des larmes sera un best of caricatural de ses deux chefs-d'œuvre ! Et comme il aime entretenir son propre culte (comme certains réals américains, encore), il cumulera les clins d'œil les plus débiles possibles en espérant attirer l'attention des plus accros. Pépère ne discerne plus grand-chose en tout cas. La recette de la peur ? Il préfère désormais découper des gens en morceaux comme dans Masters Of Horror. L'esthétique ? Il valide une récente copie mal bidouillée de Suspiria sans remarquer que ça ne ressemble plus à rien... Et de toute façon il ne s'emmerde même plus ici à faire de belles images, se contentant d'une photo de téléfilm érotique. Un vrai travail de feignasse.
Si encore Mother Of Tears jouait habilement la carte de la nostalgie, on aurait pu comprendre sans totalement cautionner, quitte à accepter le degré mineur du film. Mais non, Argento plus dingue que jamais décide de négliger absolument tout avec d'une part, une direction d'acteurs quasi comique (on jurerait un bêtisier), mais surtout une écriture hallucinante de débilité. Parce que l'histoire, c'est le contrôle de Rome tout entier par les fameuses sorcières qui déboulent après qu'une conne a ouvert la mauvaise boite avant de se faire écarteler la mâchoire par des monstres anciens. Et Rome assiégé par les mauvais esprits, c'est quelque chose : un bébé balancé dans le canal, deux mecs qui pètent le pare-brise d'une voiture et deux autres qui s'étranglent par terre. C'est tout ! Forcément, Asia Argento est la seule à pouvoir contrer les forces du mal et se prend pour Tom Hanks dans Da Vinci Code en décryptant les livres sacrés, la clé de tout. Tout, oui tout... Tout ce qui restait sans réponse dans ses deux Mères précédentes est ici révélé...
Attachez vos ceintures ! Les sorcières ne sont en réalité qu'un groupe de drag-queens rigolant comme des gamines de 13 ans, des débiles mentales qui se pavanent à poil pour exhiber leurs poitrines refaites et organisent des messes noires merdiques dans les égouts grâce à une cape magique. Et celles là, elles sont drôlement méchantes : elles écrasent les têtes, elles arrachent les yeux, et elles éventrent leurs victimes pour ensuite les étrangler avec leurs intestins. Chose qui n'est rien face aux supers pouvoirs d'Asia, sans doute ancienne élève de Poudlard : invisibilité, communication avec les fantômes (dont celui de sa mère flottant dans les airs et qui a vieilli alors qu'elle était morte jeune) et un don pour la divination qui la rendent quasi indestructible. Même lorsqu'elle doit se battre régulièrement contre un macaque carnassier de 40 centimètres spécialisé dans la descente en rappel. A voir pour le croire !
En gros, on se paye une bonne tranche de rire sans le moindre temps mort parce qu'il y a toujours de quoi s'amuser dans la consternation pure et que de toute façon, aucun autre Scary Movie ne plagiera aussi bien le giallo. Et si vous n'êtes pas convaincus, nous vous conseillons de vous ruer sur les avis des spectateurs à la sortie de la projection dans la vidéo ci-dessous en attendant de pouvoir découvrir le film directement en DVD en Septembre 2008 !