Mystery Train
Le 20/09/2007 à 10:02Par Sabrina Piazzi
Jim Jarmusch clôt avec Mystery Train sa trilogie consacrée à l'errance. Il retrouve Robby Müller à la photographie et refait usage de la couleur qu'il avait laissée de côté depuis son premier film Permanent vacation.
Mystery Train joue une fois de plus sur le temps et l'espace. En 24 heures, trois actions simultanées vont être présentées aux spectateurs en même temps qu'un petit tour d'horizon de la ville de Memphis... du moins ses quartiers oubliés jusqu'à l'hôtel minable et ses chambres délabrées où se situe l'action principale. Les destins croisés sont au cœur du film de Jim Jarmusch, un croisement culturel caractérisé par deux touristes japonais, une veuve italienne et trois paumés locaux sans repères. Leur point commun se résumant à leur halte dans le même hôtel et leur errance dans une ville laissée à l'abandon.
Jim Jarmusch prend son temps, il accompagne ses personnages, filme au rythme de leur découverte de la ville de Memphis qui semble se résumer à une seule et unique rue, un seul et unique hôtel en état de décomposition. Heureusement que la présence d'Elvis Presley plane encore sur Memphis pour y attirer les touristes. Si les Japonais viennent en pèlerinage, une Italienne (Nicoletta Braschi) se voit contrainte et forcée de demeurer 24 heures dans la ville. Les habitants perdent leur boulot, leurs femmes les laissent tomber, les hommes se saoulent pour oublier et finissent par partir eux aussi, transformant petit à petit Memphis en ville fantôme...où Elvis fait une apparition mais s'excuse car il s'est trompé de chambre. A Memphis on ne fait que passer. La ville n'est que l'étape d'un cycle et d'une trajectoire. A l'image des plans d'ouverture du film lorsque le train entre en gare de Memphis et de fermeture lorsque la locomotive repart vers d'autres horizons et d'autres paysages.
Mystery Train fait partie de ces films singuliers, jubilatoires et poétiques où chaque plan surpasse l'autre sans jamais forcer le trait, reposant sur une distribution épatante et un sens inouï de la narration et du cadre.