Nomad
Le 06/10/2007 à 09:05Par Elodie Leroy
Retraçant l'histoire de l'un des descendants de Genghis Khan, Nomad constitue un prequel à Mongol et souffre globalement des mêmes défauts, à savoir un manque de sérieux total dans le traitement du contexte historique et des personnages. Pourtant, à condition de ne voir en Nomad qu'un simple film d'aventures, on prend davantage de plaisir devant cet opus dont les scènes d'action ambitieuses rivalisent de splendeur visuelle. Un épopée fade et aseptisée sur le fond, mais bien belle dans la forme.
Réalisé deux ans avant Mongol par Sergei Bodrov, Nomad retrace l'histoire de Mansur, un jeune et brillant guerrier qui n'est autre que le descendant de Genghis Khan lui-même. Produite par Milos Forman, cette superproduction internationale nous plonge en plein cœur du Kazakhstan du 18e siècle pour une épopée pleine de bons sentiments et matinée de mysticisme. Pour faciliter l'accès du film sur les marchés étrangers, le casting convoque des acteurs d'origines variées et pour la plupart anglophones, tels que Kuno Becker (Goal), Jay Hernandez (Hostel), Jason Scott Lee (Dragon, l'histoire de Bruce Lee) ou encore Mark Dacascos (Crying Freeman). Si cette distribution pourra réjouir à plus d'un titre, elle entraîne aussi un énorme souci de crédibilité puisque les visages des comédiens appartiennent tous à des ethnies différentes. Passé ce handicap, Nomad se laisse suivre avec un certain plaisir grâce à une narration et une réalisation efficaces mises au service d'un cocktail de scènes d'action de grande envergure. Pourtant, cette fresque héroïque ne révolutionnera pas le genre et souffre globalement des mêmes défauts que Mongol.
Dès les premières minutes de bobine - le sauvetage par un sage d'un bébé dont la naissance avait été annoncée par une prophétie - la construction du récit apparaît clairement dans toute sa banalité. Des impressions qui se confirment globalement tout au long du film, cet extrême classicisme s'accompagnant d'une naïveté à peine croyable dès lors que Bodrov tente d'insuffler à son histoire une portée mystique. Sur ce plan, le film accuse, à l'instar de Mongol, d'un retard et d'un simplisme stupéfiants, à en faire pâlir un Mel Gibson. En outre, le cinéaste privilégie là encore la pose glamour et n'hésite pas à prêter à ses héros des sentiments modernes, quitte à verser dans l'anachronisme, sans pour autant porter de regard critique sur la culture androcentrée qu'il tente de dépeindre. Nomad se révèle ainsi bien vite dénué de sérieux sur le plan historique, et c'est ainsi qu'il devient possible pour le spectateur de choisir l'option de vivre l'expérience comme un simple film d'aventures.
Or, considéré sous cet angle, le film procure en vérité un certain plaisir. Disposant de moyens non négligeables, le réalisateur se laisse aller à toutes les folies visuelles et délivre des scènes de batailles portées par un véritable souffle épique, offrant parfois des visions d'une grande beauté plastique. Il faut dire que le film est tourné dans des décors naturels tout simplement splendides, des décors mis en valeur par une photographie raffinée et une belle utilisation du format scope pour faire ressortir leur ampleur. Si les personnages s'avèrent trop fades pour être marquants, les enjeux auxquels ils se retrouvent confrontés restant pour la plupart trop basiques et trop convenus (des frères de sang amenés à s'affronter, pour changer), les péripéties s'accumulent à un rythme suffisamment soutenu pour faire de Nomad un divertissement honnête, bien que sans réelle saveur.