Pirates

Devenu mythique pour son échec cuisant lors de sa sortie en 1986, Pirates de Roman Polanski peut se targuer encore aujourd'hui d'avoir été le film le plus cher produit en Europe en 1986 avec un budget évalué à plus de 30 millions de dollars dont 8 millions rien que pour la construction du fameux galion, décor principal du film, et qui nécessita près de deux ans de travail. Entièrement tourné en décors naturels, de la Tunisie aux Seychelles en passant par Malte, le film enchaîne les blagues de mauvais goût, l'humour tombe constamment à plat, les comédiens surjouent et le film manque cruellement d'âme et d'entrain. Bavard et sans rythme, poussif et cliché, Pirates est une coquille vide aux magnifiques décors et costumes, mais l'histoire n'emporte jamais l'adhésion, on ne s'attache jamais aux personnages et le manque cruel de charisme des comédiens en particulier de Cris Campion et de Charlotte Lewis finit par plomber l'ensemble. Les rares combats et scènes d'abordage sont réduites au strict minimum et il faut bien dire qu'on s'ennuie très rapidement et ce dès la toute première (et longue) scène. Seul demeure le cabotinage du formidable Walter Matthau qui gesticule et parle fort mais brasse malheureusement trop de vide pour être honnête. C'est bien beau de filmer un bateau de pirates voguant vers le soleil couchant mais un plan sur près de deux heures c'est bien peu... et le spectateur s'endort. Seule consolation, celle d'avoir permis à Anthony Powell de remporter le César des meilleurs costumes et à Pierre Guffroy celui des meilleurs décors. Autrement pour le reste, Pirates mérite d'être plus connu pour l'histoire de sa chaotique production que pour ses qualités cinématographiques.