Ricky
Le 12/02/2009 à 17:36Par Yann Rutledge
Notre avis
Ricky c'est l'histoire d'un bébé qui naît avec des ailes, Alexandra Lamy joue la mère et Sergy Lopez le père. Si nous nous arrêtions là, le désagréable souvenir de Mauvais esprit, dans lequel Thierry Lhermitte et Ophélie Winter faisait face à un chieur-né, nous revient immédiatement à l'esprit. Oui, mais Ricky n'est bien heureusement pas réalisé par le gars qui a fait 15 Août ou Banlieue 13 ultimatum, mais par le petit protégé de la critique française François Ozon, nous évitant du coup la grosse gaudriole que nous redoutions. Bien que Ricky s'avère être une petite surprise plutôt rafraichissante et inattendue de la part du réalisateur de Sitcom et Swimming pool, il nous faut tout de même convenir qu'au final le film ne fonctionne qu'à moitié.
Attention : ce semi-échec ne peut être incombé à Alexandra Lamy, qui, physiquement transformée, s'en sort même avec les honneurs, nous faisant presque oublier son personnage ancré de Un gars, une fille. Dès les premières minutes, cadrée en gros plan, elle fond en larmes devant une assistante sociale avouant qu'elle n'arrive plus à vivre avec son maigre salaire, le loyer à payer et deux enfants à charge. Chouchou crédible en prolétaire, qui l'eût cru ?
Ricky capote parce que François Ozon ne semble pas savoir sur quel pied danser ni le sens à donner à ce concept fantastique. Une rupture de ton en milieu de métrage (lorsque l'enfant s'envole au beau milieu d'un supermarché) fait jaillir ce drame familial hors de sa sphère. L'élément fantastique, qui jusqu'ici était soigneusement cantonné à l'ordre du privé, perd en crédibilité de par sa médiatisation. Ozon se permet quelques pointes d'humour ("où est-ce qu'on peut acheter les bébés télécommandés ?" demande un client en pointant du doigt Ricky au dessus de sa tête) ainsi qu'une timide critique des médias (dépeints comme de vrais rapaces), mais il vide par-dessus tout ses personnages de la force de caractère qu'on leur connaissait jusqu'alors. Après avoir trimé toute leur vie, acceptaient-ils subitement (certes à contre-coeur) leur destin ? Rien n'est moins sûr.
Les précédents films de Ozon à l'apparente construction alambiquée (la chronologie inversée de 5x2) et aux retournements de situation inattendus (la disparition dans Sous le sable) prenaient toujours sens au final (et plus qu'ailleurs dans Swimming pool). Or l'irruption de cet angelot est ici proposée sans aucune explication. Faudrait-il prendre cette histoire fantastique au pied de la lettre (auquel cas grotesque) ou bien comme une allégorie ? Et dans ce cas, sur quoi porterait-elle ? L'abandon d'un enfant ? L'infanticide ? La fausse couche ? Ou bien une allégorie sur le fait d'élever son enfant puis de le laisser quitter le domicile parental pour voler de ses propres ailes ?? Confus et inachevé dans son propos, Ricky restera la confirmation qu'à l'inverse de Loulou/Jean Dujardin (remember Contre-enquête), Alexandra Lamy possède un vrai potentiel dramatique. C'est tout. C'est déjà pas mal dirons-nous !