Safari
Le 27/03/2009 à 22:02Par Kevin Prin
Nous n'attendions certes pas grand chose de Safari mais la "surprise" est au rendez-vous puisque le film d'Olivier Barroux ne remplit même pas ses maigres promesses. Les raisons d'une telle débâcle ? Sous prétexte de proposer une comédie populaire, légère et nonsensique, Safari se contente d'aligner une succession de gags éculés, mis bout à bout en toute insipidité, le tout sur une trame indigente de sous-téléfilm ne s'assumant même pas en tant que tel. Il faut du talent pour tout, surtout pour la comédie. Ce film n'en a aucun, et, deux semaines après la sortie du triste Coco, les comédies françaises sont définitivement en berne.
Les récentes comédies françaises font généralement preuve d'un tel manque d'inspiration, d'une telle platitude dans leur narration et d'une telle facilité dans les gags (souvent éculés), qu'on finit presque par s'y habituer en les observant défiler sur les frontons des cinémas. De temps à autre, des films avec De Funès, un La Cité de la Peur ou un Bienvenue chez les ch'tis (dans une moindre mesure) sont destinés à faire date sur le long terme car ils proposent une alchimie parfaite entre plusieurs ingrédients, comme un scénario léger mais accrocheur, des gags surprenants, une certaine justesse, ou un sens visuel hilarant. Alors quand Kad et Olivier, qui sont encore loin d'avoir fait leurs preuves ensemble au cinéma (Un Ticket pour l'espace, Ce soir je dors chez toi), s'attaquent à une énorme production, on est en droit d'espérer qu'elle fera l'objet d'un minimum de soin. Las, il ne faut pas moins de dix minutes de film pour comprendre l'étendu de l'absence de talent en laquelle consiste Safari.
De ce spectacle sans surprise, on finit par ne retenir que quelques petits détails. Cette platitude générale et endormante est ainsi brisée un instant par Omar Sy, hallucinant en dictateur africain à l'accent québécois, mais qui se place dans la lignée de cette vision de l'Afrique par des bobos parisiens, s'amusant "de la brousse et des sauvages" en leur donnant une tape dans le dos. De l'humour beauf par excellence, fait entre potes, pour faire rire les potes, et qui ne devrait pas quitter le contexte d'un dîner très arrosé entre potes. Des gags qui font rire des petits comités et qui nécessitent du talent pour arriver à les illustrer à l'écran. Car finalement qu'importe que ces gags soient déjà vus ou prévisibles : les meilleurs films (en général) sont souvent ceux qui parviennent à extraire des plus simples idées toute la substance qui en font la saveur. Cette recette va même au delà du cinéma, puisque, par exemple, Groland arrive à faire rire avec des gags pipi-cacas car ils sont assumés jusqu'au bout en tant que tels.
Olivier Barroux, en tant que réalisateur, n'a malheureusement réussi à insuffler aucun souffle à cette comédie, mettant bout à bout des situations qui parfois n'ont aucun lien avec les autres. Une scène illustre parfaitement ce problème, où les héros se retrouvent coincés dans une cascade et doivent sauter dans l'eau pour s'en sortir. En plus d'être pauvrement mis en scène (leurs sauts sont filmés hors champ avec un "Aaaaaaah !!!" sonore du personnage pour illustrer la chute), on ne saura jamais comment ils sont arrivés là et comment ils s'en sont sorti. Pire encore, certaines scènes sont coupées en leur milieu, comme si le monteur du film s'était retrouvé avec une seule prise et qu'elle ne fonctionnait pas jusqu'au bout. Et ce spectacle dure 1h40.
Le scénario ne tient bien évidemment pas la route. Alors que son pitch annonçait l'histoire d'un guide de Safari effrayé par les animaux et peu à l'aise dans la brousse, le film raconte finalement un banal thriller de sous-téléfilm où le héros a une mission à remplir pour sauver un collègue détenu en otage par des mafiosos d'opérette, détournant ainsi son mini-bus de touristes. Malgré les efforts de Nicolas Marié dans le rôle du méchant, aucun personnage n'a de charisme et ne se montre attachant, achevant l'insipidité de l'histoire. Un prétexte encombrant étiré sur 1h40, illustré par 2-3 gags avec des animaux (dont un gorille consternant incarné par un acteur en costume...) et provoquant une lassitude viscérale vraiment désagréable.
S'il n'y a rien de plus déprimant qu'une comédie pas drôle, Safari est bien là pour le prouver. De quoi revoir à la hausse Astérix aux Jeux Olympiques, certes aussi peu drôle, certes moins prétentieux dans sa galerie d'acteurs, mais autrement mieux réalisé et surtout inspiré que ce Safari. C'est dire !