Saw 4
Le 12/11/2007 à 08:53Par Maxime Chevalier
Saw 4 se résume à une ressassée énervante des précédents opus, gratuite et idiote, se focalisant uniquement sur un gore filmé à la mode MTV et évinçant bien évidemment tout le génie d'un Saw 1 au passage. On ne peut être que ravi d'apprendre que Darren Lynn Bousman quitte enfin le navire après avoir commencé à le saborder sur Saw 2 puisqu'il n'assurera ni Saw 5 ni Saw 6 (d'ores et déjà annoncés pour les prochaines Halloween, on frémit d'avance). Mais en attendant, le mal est fait et Saw 4 est juste un film insuportable non pas par sa violence, mais par sa tendance à prendre le spectateur pour un veau.
Ne tournons pas autour du pot : Saw 4 est de loin le pire de tous. Déjà que les précédents épisodes ne volaient pas haut (sauf le premier, grand film de genre), mais alors là, c'est le summum. Car ce n'est quand même pas tous les jours que l'on voit un film dans lequel il est impossible de tirer une seule qualité, là où au moins le troisième pouvait se targuer d'une idée pas trop mauvaise (le reste était néanmoins exécrable) Au moins, T'aime, de Patrick Sébastien, était, lui, très drôle. A défaut d'être prenable au sérieux. Encore plus mal réalisé que les précédents, Saw 4 prouve que Darren Lynn Bousman porte définitivement bien son nom.
Les enjeux dramatiques ici consistent à savoir si des personnages qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam vont réussir à se tirer de pièges complètement improbables : une tête coincée dans une cage avec des couteaux aux fines lames, un détenu pendu à une corde qui est posé sur un bloc de glace et attend que ça fond, etc. Pendant ce temps-là, un flic se brouille avec sa nana et essaye de déchiffrer un rébus que seul JigSaw était capable de comprendre. Quelques années auparavant, JigSaw était à l'hôpital. Il était vénère et réac, c'est à dire qu'il ne supportait pas de voir des camés se plaindre bêtement alors qu'eux, ils ont la chance d'être en vie. Des années encore plus tôt, des singes se battaient avec un bâton et étaient filmés par Kubrick pour montrer que les gens sont méchants depuis la création et ne cherchent qu'à se faire du mal. Bref, on s'égare, mais pas tellement pas dans le fond parce que Saw 4 est aussi confus que ce résumé, très compliqué pour pas grand-chose, pour finalement amener tout droit vers un point de non retour : le vide total enrobé d'une gratuité sans neurone et énervante !
Construit comme une prequel (étant donné la fin du 3, c'était un peu obligé), le scénario des petits malins de Feast (Marc Dunstan et Patrick Melton) enchaîne les rebondissements jusqu'à ce que la baudruche saute au visage. Les scénaristes ont essayé de nous faire gober cette histoire avec bien entendu un twist final qui réussit l'exploit d'être encore plus improbable que les autres. Un twist qu'on nous a bien évidemment demandé de ne pas révéler. Donc comme on ne doit rien vous dire sur cette méga fin de méga twist, on ne dira rien. Pas plus qu'on ne portera au pinacle cette mécanique débile qui commence sérieusement à fatiguer. Les acteurs ne sont même pas des acteurs de seconde zone, il faut chercher dans la cinquième zone, celle des acteurs qui ont toujours été refusé ailleurs. Il y a bien des flash-back avec Tobin Bell (le tueur qu'ils n'ont pas réussi à faire crever) pour montrer pourquoi le tueur est devenu tueur moralisateur. Tout cela malheureusement au détriment d'un charme qui a disparu à jamais au profit d'une boucherie exécutée par scénaristes sans imagination.
Comme son prédécesseur, le film risque d'être interdit aux moins de 18 ans en France. A moins qu'il ne soit évincé des salles comme récemment Halloween, la version de Rob Zombie, et ce en raison d'une méchante agression dans un cinéma en 2006 lors des projections de Saw 3. Autant Saw le premier attirait les fans de films d'horreur, autant ce quatrième ne s'adresse ouvertement qu'aux voyeuristes qui ne font pas la différence entre la saga Saw et un bon Dario Argento autrement plus dérangeant.