Saw 6
Le 04/11/2009 à 10:01Par Arnaud Mangin
Décidemment, tout n'est pas bon dans le cochon... N'arrivant plus du tout à se dépêtrer de la mélasse dans laquelle ils ont eux-mêmes plongé leur groin, les créateurs de Saw livrent avec ce sixième opus une potée pas chou du tout, préférant balancer la purée à la moindre occasion dès qu'il s'agit de charcuter un péquin, coinçant au passage ses meilleurs restes dans la moulinette. Un épisode moins éprouvant que certains de ses prédécesseurs, mais ce Saw piqué s'oublie trop facilement... Knacki le tour ?
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Comme prévu, ils ont encore découenné ! Quelle lassitude... De constater, d'une part, que Saw 6 continue de fébrilement dégringoler les marches sur lesquelles se sont vautrés une partie des épisodes précédents, mais surtout qu'il n'y a plus rien à dire dessus : c'est grosso modo la même chose qu'avant, parfois aussi déplorable que les gens de bon goût pouvaient légitimement le deviner et continuant irrémédiablement vers sa lancée non cinématographique (depuis Saw 2, cette série se résume à Santa Barbara en gore) histoire de satisfaire la poignée de cochons de 13 ans qui ont cru y déceler une saga de qualité. Il va falloir s'y faire : cette franchise, avec ses paillettes et ses strass, bourre le mou ! Avec ses flashbacks incessants qui remontent jusqu'au premier épisode (facilement 1/10ème du film repose sur des extraits des précédents), ses révélations tordues, les frères de Paul qui sont en fait les complices de Jacques sortis avec la belle sœur de Pierre (pour finalement nous apprendre que tout ce qui se passe dans les cinq autres films fait partie d'un seul et même plan juste pour tuer UN type !). On découvre bien vite que les enjeux scénaristiques de Saw 6 sont secs.
Et oui, Saw 6 manque de peau puisque son méchant, mort tôt (dans le troisième) n'est plus là pour animer le spectacle. On est donc obligé de le remplacer par un autre tueur au charisme de chipolata et d'étoffer le passé d'éléments à rallonge dont on se fiche royalement, mais que des scénaristes sont bien obligés de créer pour étirer cette histoire sur les 90 minutes réglementaires, et surtout de faire le lien avec le reste. Ils se servent là, ou ici, dans la vie de famille des uns ou la maladie des autres... Tout ce qui ne fallait pas faire ! Surtout que, dans l'absolu, la base du film en elle-même n'est pas si inintéressante que ça. En situant - grossièrement - l'intrigue dans le milieu des courtiers en assurance, on s'éloignait intelligemment du postulat réchauffé du ''Quel sacrifice es-tu prêt à faire pour sauver ta vie ?'' à celui de ''Quelle valeur donnes-tu à celle des autres ?''. Pas idiot dans le fond, puisqu'y passent des gens bons comme des mauvais, mais comme c'était trop beau pour être vrai, ce sujet en filigrane est à peine plus étiré que la peau que l'on enlève d'une tranche de saucisson. Voilà qui éloigne forcément le génie narratif d'un premier épisode franc, fort et autrement plus inspiré par son sens du bricolage créatif.
Pourtant, dans sa médiocrité qui ne lui donnera guère plus de saveur que de la charcuterie cramée au micro-onde (ce qu'est Saw depuis 5 ans), Saw 6 a beau être mauvais, il demeure finalement meilleur que la plupart des autres suites de la franchise. En tout cas bien plus digeste que le 4 et le 5. Outre quelques séquences gorasses sur lesquelles on se paie une bonne tranche (et quand tu ris, chorizo si...) comme dans son improbable introduction, on se retrouve avec une mise en scène formelle bien moins migraineuse que celle de Darren Lynn Bousman - un sale ami de la pire espèce - avec moins de travellings circulaires filant à toute berzingue, moins d'étalonnage verdâtre tout pouilleux (on lorgne plus entre le bleu et la rosette), mais rien de plus considérable pour autant... L'illusion est cependant bien faible et la sensation d'être encore et toujours pris pour une andouille peut se humer à pleines narines. Des valeurs qui, comme pour les suites précédentes, semblent chères à Saw 6.
Article publié le 23 octobre 2009
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