Scar 3D

Ca y est, on est dedans, de plein pied et c'est parti pour durer : la 3D, la vraie, la belle, la jolie, celle qui ne donne pas mal crane et qui offre un regard totalement nouveau sur l'expérience que constitue le visionnage d'un film dans une salle de cinéma. Plus propice que jamais, le cinéma d'épouvante est assurément l'un des genres qui légitime le plus l'utilisation de ce nouveau format, histoire de grossir un peu plus le trait des ambiances de fête foraine qui s'en dégagent. Entre les effets d'annonce surgissant de toutes parts avec Meurtre à la Saint Valentin 3D, Piranhas et Destination Finale 4, c'est le discret et hyper indépendant Scar 3D qui se paye le luxe d'être le tout premier film d'horreur UNIQUEMENT regardable en 3D dans quelques salles françaises au nez et à la barbe de tout le monde. Ca, c'est bien. Proposer une véritable nouvelle dimension qui accentue les sensations de profondeur de champs (en même temps, l'outil est programmé pour ça, il n'y a plus qu'à filmer), c'est bien aussi. Mais utiliser la 3D au service de l'horreur aurait été mieux... Et puis faire un bon film tout court aurait été également plus que recommandable.

Patatras ! Malgré toute la meilleure volonté du monde, Scar 3D n'est qu'un malheureux essai qui se fera très rapidement engloutir par la tendance, un véritable non-événement, déjà destiné à se noyer dans l'inconscient (vraiment très inconscient) collectif où se bousculent déjà les "Vendredi 13 3 -3D" (ça fait beaucoup de 3 hein ?), Amytiville 3D, Les Dents de la mer 3 3D... En gros, des films que nous n'avons pas forcément oublié, mais dont on ne garde aucun souvenir de leur potentiel en relief. Pire encore, Scar 3D ne justifie pas réellement l'utilisation de ce nouvel outil. Effectivement, le cinéma numérique c'est beau, très net, d'une fluidité à pâlir, propre comme un sou neuf et qui nécessite que l'œil du spectateur fasse lui-même le travail de conversion ''focale'', mais à aucun moment cela ne sert l'horreur dans le film qui nous intéresse ici. Nous aurions pu assister strictement à la même chose à plat que nous n'aurions rien vécu de différent. Et paradoxalement, la technologie veut que ce dernier serait également imbuvable s'il n'était pas en 3D, la texture de ce type de mise en scène, si trop mécanique (voir Voyage au centre de la terre, dans sa version 2D), se rapprochant d'une DV haute définition que de celle d'une image de cinéma.

Et puis quoi qu'il en soit, 3D ou pas, Scar 3D n'est pas un bon film. Un slasher anodin qui essaie de s'intellectualiser tant bien que mal à travers une Angela Bettis (qu'on adore pourtant dans May et Sick Girl) clairement pas mise en valeur. A peine digne d'une héroïne de Vendredi 13 et perdue dans ce gros Z aux relents de torture-porn italien vieux de 30 ans (mais dopé par un scénar très 90's post-Scream) qui mise tout sur ses interminables séquences de scalp et autres scarifications. Une orgie crétine de gros plans sur des plaies béantes, de pouces sectionnés avec des tessons de bouteille, de charcutage de plus en plus poussifs que les pourtant très bons effets spéciaux de maquillages n'arrivent à sauver. Tour à tour ronflant, grotesque et presque douteux sur la longueur sadique des scènes de meurtres, Scar 3D n'est malheureusement pas le petit indépendant sorti des sentiers battus destiné à créer la surprise... Juste un tout petit rien.