Shrooms
Le 16/06/2008 à 16:43Par Arnaud Mangin
Si l'on peut reconnaître une qualité à Shrooms, c'est de faire partie de ces espèces de daubes bien faisandées sous un soleil caniculaire et normalement réservées aux salves de direct-to vidéo honteux, qui parviennent malgré tout à s'exploiter sur grand écran. Alors oui cher ami du mauvais goût, toi aussi tu pourras te ruer dans la salle la plus proche durant l'été pour découvrir ce machin qui a bien fait rire mais aussi consterné de nombreux festivaliers. Parce que dans tout ce bordel, seul un court passage amuse vraiment (un type saute par la fenêtre parce qu'il pense qu'on va le tuer - voilà, vous savez tout), Shrooms ravit en tout cas les masochistes amateurs d'œuvres à vomir sur les murs. Et là, y'a de quoi repeindre tout Versailles !
Avec Shrooms, on se retrouve avec quelque chose de tellement mauvais qu'on cherche encore si la sous-catégorie où ranger ce film existe déjà. Durant une ligne de dialogue pour expliquer à ses amis les symptômes du champignon qui fait tripper, l'un des personnages explique qu'on "peut réclamer sa mère en étant persuadé d'être poursuivi par un étron géant". Voilà, c'est exactement l'impression qu'on a dans la salle en tant que spectateur. Une belle merde qui outrepasse les limites de la bienséance artistique et qui s'essaye au film d'horreur sans rien connaître au genre, ni au cinéma tout court. Projeté hors compétition à Gérardmer en 2008 - évitant ainsi au grand jury de subir cette chose à l'heure du dîner - Shrooms raconte donc l'histoire d'une bande de crétins partis en Irlande pour sucer des trompettes de la mort au fond des bois histoire de s'évader, de redécouvrir les bienfaits de la nature et espérer voir des choses qu'un esprit sain ne saurait imaginer.
Nous aussi on aurait aimé voir d'autres trucs et ce ne sont pas les deux jolies paires de seins pommelés qui assurent le spectacle... Malheureusement, l'une des crétins en question dévore le seul et unique spécimen à éviter, celui qui a un téton noir sur le chapeau - dans une contre-plongée en fish eye d'une grande finesse. Résultat des comptes, l'héroïne peut désormais carrément prédire ce qui se déroulera dans les prochaines minutes et renvoit directement madame Soleil à ses études d'astrologie. Et comme un serial killer habillé comme pour Halloween et des rednecks atrophiés des neurones traînent aussi dans les parages, la donzelle va tout faire pour sauver ses potes, encore plus défoncés qu'elle puisqu'ils sont partis à la recherche d'une vache qui parle ou d'une voiture qu'on peut niquer par la vitre conducteur. On invente rien.
Sur le papier, ça paraît presque être drôle puisque, aussi débile soit-il, ce prétexte sied idéalement à ce genre de délire. Malheureusement, étant donné que les créateurs du machin ont un peu trop forcé sur la morille frelatée, ils se prennent non seulement très au sérieux, mais s'essaient à l'humour sans jamais dépasser le stade des vannes pubiennes. Vraiment pas aidé, ce gros cèpe faisandé bénéficie d'une mise en scène tout simplement désastreuse, ponctué d'effets cheaps au possible et une négligence générale qui ne l'élèvera jamais au dessus d'un ersatz de slasher post-Scream destiné au marché vidéo. Car Shrooms est en plus en retard sur son temps.