Storm Warning - Avis de tempête
Le 21/05/2008 à 11:36Par Arnaud Mangin
Allez, un petit focus sur un inédit comme seul Filmsactu sait vous les dénicher. D'autant plus que, dans le cas qui nous intéresse, tout prédestine Storm Warning à stagner quelque part dans les confins de l'oubli populaire, noyé sous une multitude de survivals simili remakes et "suites de" bien hollywoodiens, et souvent bien pourris. Ce n'est donc franchement pas gagné parce que lui-même survival à l'ancienne d'une discrétion extrême, réalisé pour un budget dérisoire par le metteur en scène d'une vraie grosse daube (Urban Legend) avec un casting d'illustres inconnus, cet Avis de tempête n'est même pas encore prévu chez nous. Et pourtant, ce timide bout de pelloche mérite tout de même qu'on parle de lui. D'ailleurs, si l'on en parle aujourd'hui, c'est surtout parce que son héroïne n'est pas une illustre inconnue pour tout le monde : notre Frenchy Nadia Farès fonce au pays des kangourous se fritter contre quelques excités du casque congénitaux...
Alors non, ça ne paye pas vraiment de mine mais ça gagne surtout sans mal son statut de petite surprise pas déplaisante, malgré ses imperfections. Ca restera en tout cas toujours plus buvable que certains faux films subversifs à la française qui se montent le melon pendant un an et demi pour finalement accoucher d'un nanar non assumé et joyeusement boudé par les exploitants. Bouh ! Elle est pas belle la France. Enfin si, elle l'est lorsqu'elle adopte les traits de la jolie Nadia dont on n'explique pas encore franchement le catapultage dans cette aventure. Comme évoqué plus haut, Jamie Blanks n'est vraiment pas une référence (mais le bougre semble vouloir rester dans le même registre en signant le remake de Long Weekend, donc pas mal), et c'est typiquement le genre d'association impensable sur le papier. En tout cas, si Storm Warning peut encore grappiller un intérêt chez le cinéphile contemporain, c'est parce qu'il préfère chercher ses sources chez Peckinpah plutôt que Tobe Hooper. Premier bon point !
Il n'y a donc rien de vraiment frais au large de ce scénario qui envoie balader un gentil couple de quadra (dont madame est Française, donc, et essaie d'apprendre quelques préceptes de son langage à son mari) dans la cambrousse profonde australienne. Encore des régions peu fréquentables depuis Wolf Creek, mais qui permettent à Blanks de travailler librement dans un pays qui est le sien en évitant les foudres de studios qui l'ont, jusque là, encouragé à ne fait que du sous-Scream. Les pauvres vacanciers louent donc un rafiot pour pêcher avant de se paumer dans une zone portuaire pavée de marées. Malheureusement, la seule baraque du coin, le seul abri potentiel où ils peuvent se mettre à l'abri de la pluie battante, est non seulement royalement dégueulasse mais appartient surtout à trois dégénérés compensant leurs absences sexuelles par des vidéo zoophiles et autres poupées gonflables. Mauvaise pioche, donc...
Dans l'absolu, l'intérêt de Storm Warning est franchement maigre, voire un peu putassier, mais pose son atmosphère macabre loin des prétextes hollywoodiens tout public (parce que oui, le remake de Massacre à la tronçonneuse est tout public) en montrant du doigt les mobiles meurtriers les plus malsains. Ici, les méchants ne sont ni puissants ni machiavéliques mais se laissent rapidement tourner la tête si leur regard croisent un stimuli quelconque. Des vrais rednecks prêts à massacrer - et à s'entre massacrer - pour côtoyer la chair fraîche. Pour ça, l'amie Nadia a effectivement des arguments de poids... Un vrai simplisme reléguant l'homme à un animal poussé par des pulsions sexuelles, le plus bas instinct un peu outrancier ici mais symbolique de quelques états d'esprit inquiétants, et qui existent bel et bien. Et les quelques moyens de défense évoqués ici contre le viol décuplent tout autant de sauvagerie...
C'est comme ça que Storm Warning parvient un peu à foutre les chocottes, en tout cas. Ce parti pris du fait divers filmé, crapuleux, boueux, à mi-chemin entre Les Chiens de pailles et La Dernière maison sur la gauche, où l'imprévisibilité de certains dégénérés soutient le suspens à elle seule. Si dans sa seconde partie le film bascule un peu dans la surenchère gore délirante via une contre-attaque façon MacGyver, on appréciera néanmoins tout l'aspect dérangeant de l'œuvre.
En attendant qu'un distributeur s'y intéresse...