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The Sparrow

Le 21/03/2008 à 16:25
Par
Notre avis
6 10

Johnnie To délaisse l'univers des triades, ou presque, pour s'attarder sur une bande de pickpockets aux prises avec une femme fatale. Stylisé et formaliste à l'extrême, ce nouveau Johnnie To ne brille pas par la complexité de son scénario mais procure un réel plaisir grâce à des scènes d'action bien rythmées qui confèrent au film des allures de comédie musicale. Un Johnnie To mineur mais très ludique, donc fort plaisant à regarder.


Critique The Sparrow

La séquence d'ouverture donne d'emblée le ton : vêtu d'un costume tendance fifties, Simon Yam se prend pour Fred Astaire, dansant sur un rythme jazzy avant de prendre sa bicyclette. L'acteur, qui fait partie des plus grandes figures de l'univers de Johnnie To (et accessoirement du cinéma hongkongais actuel), incarne ici Kei, un pickpocket qui dirige une bande de petits voleurs un peu benêts sur les bords. A Hong Kong, les pickpockets sont surnommés les "moineaux", d'où le titre du film. Mais un jour, le quotidien de la bande de Kei se voit perturbé par l'entrée en scène de Chun Lei (Kelly Lin), une femme fatale qui les prend l'un après l'autre dans ses filets. The Sparrow se distingue très vite des films qui ont fait la renommée internationale de Johnnie To par sa légèreté et son absence de véritable intrigue policière, voire d'intrigue tout court. Pourtant, même s'il s'agit d'une pure comédie sans aucune effusion de sang ni coup de feu, The Sparrow porte bel et bien l'empreinte de son auteur. On reconnaît immédiatement la mise en scène très stylisée de Johnnie To, ici plus formaliste que jamais, et son goût pour les éclairages très travaillés, l'utilisation des contrastes sur les plans nocturnes rappelant parfois l'esthétique d'un P.T.U.. Johnnie To se regarderait-il filmer ? Peut-être bien. Mais qu'importe puisqu'il remplit très honnêtement son cahier des charges à travers des scènes d'action originales et inventives.


Critique Critique The Sparrow

 

 

Sachant cela, le scénario de The Sparrow devient presque accessoire. Au-delà des enjeux sans grand intérêt qui servent de prétexte au film - To ne nous épargne pas les clichés habituels de son cinéma, notamment en ce qui concerne le toujours unique protagoniste féminin -, le vrai personnage principal de l'histoire n'est autre que la ville de Hong Kong, un décor dont chaque rue paraît avoir été filmée avec amour, certaines images ayant été gardées spécialement pour le générique de fin. Une ville en pleine ébullition dont les habitants semblent être en perpétuel mouvement et dans laquelle l'argent passe constamment de mains en mains, selon la volonté des uns et à l'insu des autres. On peut dire que Johnnie To l'a filmée tout au long de sa carrière, cette ville. Mais cette fois, au lieu d'en montrer la violence et les vicissitudes, il en fait le théâtre de ce qui ressemble véritablement à une comédie musicale. Mêlant instruments modernes et traditionnels, notamment un erhu particulièrement entêtant, la partition de Xavier Jamaux (Mad Detective, Tokyo Eyes) et Fred Avril se voit littéralement propulsée au premier plan, se substituant parfois entièrement aux dialogues afin de rythmer l'action.


Critique Critique The Sparrow

 

 

Outre le jeu amusant du chat et de la souris qui se créé entre la bande de Kei et la belle Chun Lei, les scènes de pickpocket constituent le principal intérêt de l'entreprise et se révèlent particulièrement ludiques, les personnages sortant leur lame de rasoir de la bouche comme des combattants dégaineraient leur sabre ou leur arme à feu. The Sparrow fait d'ailleurs appel aux talents de chorégraphe de Yuen Bun, directeur d'action ayant notamment œuvré aux côtés de Tsui Hark sur Il était une fois en Chine 4 et 5 mais aussi The Blade. On regrette juste que Johnnie To ne pousse pas le délire aussi loin que dans son récent Exilé, film reposant lui aussi purement sur ses effets de style, ou qu'il ne se montre pas aussi fantaisiste que son collègue chinois Feng Xiaogang dans A World Without Thieves, un film qui mettait lui aussi en scène des pickpockets. En revanche, The Sparrow a le bon goût d'éviter tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une leçon de morale et de rester léger et humoristique de bout en bout sans pour autant verser dans le cynisme. Au final, ce nouveau Johnnie To ne comptera pas parmi les films majeurs de la filmographie de son auteur mais permet de se reposer un peu l'esprit après un Mad Detective particulièrement sombre. En somme, un divertissement fun, efficace et sans prétention.






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