Transformers 2 : La revanche
Le 16/06/2009 à 00:01Par Arnaud Mangin
Ne cherchez plus, le blockbuster de l'été est là, mené de main de maitre par celui qui marquera définitivement le cinéma de divertissement de son nom : Michael Bay s'est lâché ici comme rarement, fidèle à ses règles du Bigger and Louder, bien décidé à satisfaire coute que coute le spectateur qui a payé sa place de cinéma. Un vrai Best of du bonhomme ! Si l'on regrettera quelques gros cafouillages narratifs dans un scénario parfois confus, le spectacle est total. Un pur produit de fans, qu'ils soient de Michael Bay comme de Transformers... Les autres ? Et bien ils risquent également d'y adhérer !
La messe est dite ! Alors que le film qui nous intéresse aujourd'hui se tirait joyeusement dans les pattes avec le concurrent d'en face, Terminator Renaissance, dans un concours d'égo passablement en défaveur du challenger McG, Michael Bay prouve définitivement qu'il est le maitre en la matière et que rien ni personne ne pourra l'en détrôner. Et tant pis si pour cela il n'a pas hésité à évincer lourdement le petit nouveau avec la finesse d'un pachyderme, le spectateur en aura ouvertement pour le prix du ticket. Si dans l'absolu, on a un tout petit peu moins accroché à ce second opus qu'au premier (on vous en reparle plus bas) Transformers 2 s'impose comme un radical melting-pot du cinéaste, débordant par tous les côtés. Du vrai, du lourd, du pur condensé de Michael Bay qui, à l'instar de Bad Boys 2, creusera sans doute d'énormes tranchées en les pros et les antis. Le bonhomme a ouvertement mis le meilleur (et le pire, selon les points de vue) de lui-même dans un film tellement généreux qu'il sonnerait presque comme la dernière heure du bonhomme, comme s'il nous offrait déjà le bouquet final d'une carrière n'ayant que trop peu désemplie.
Bay a donc décidé d'ouvrir les vannes jusqu'à casser le levier là où le premier vouvoyait parfois la simple mise en bouche. Il y trempait simplement les pieds pour prendre la température, ici il y plonge sans même avoir pris le temps de digérer. Comme un CV best of, le film dégage sans retenue tout ce qui a pu faire la marque de fabrique du bonhomme. Des destructions de masse façon Armageddon ou Pearl Harbor, des scènes d'action toujours plus riches, des travellings séquences encore plus tordus que ceux de Bad Boys 2, du bullet Time avec des méga obus, un étalage de clichés culturels (les escargots des restaurants français ressemblent à de la crotte, oui) le consensuel tire-larme qui marche pas, les focus sur les plans avantageux des jeunes filles pendant qu'elles dansent (ou pas), les ralentis contemplatifs sur les engins militaires et surtout du graveleux en veux-tu en voilà qui tranche radicalement avec la timidité légitimement enfantine de l'opus précédent. Le Chiuhaha qui viole un Bouledogue français, un mini-transformers qui se frotte contre la jambe de Megan Fox, la mère Witwicky qui s'affiche après avoir vidé un paquet de brownies à la marie-jeanne, et même un simili scrotum robotique sont au programme. Vous êtes prévenus, ça se lâche sévère ! Sans doute pas à un niveau aussi joyeusement puéril que Bad Boys 2 (à qui il fait un clin d'œil poussif, puisqu'on n'est jamais mieux cité que par soi-même), parce qu'on doit quand même rester dans un cadre familial, mais le réalisateur sert la soupe à son fan club sans y aller avec le dos de la cuillère (même la niche du clebs est réduite en miette). Et ça, c'est super !
Côté mise en scène, on est aux anges, il n'y a pas de problème. Surtout pour ceux qui sont venus se repaitre de scènes d'actions plus délirantes les unes que les autres (il faut voir Optimus se faire larguer d'un avion cargo encore en camion, se transformer pendant sa chute avant d'atterrir en parachute). Le problème du film, c'est qu'il est sans doute un peu plus hermétique que le premier qui se suivait à regard d'être humain. En entrant de plein pied dans la véritable mythologie Transformers tels que les fans l'espéraient, ce second opus raconte clairement une histoire de robots dans lesquels les comédiens humains ne font que de la figuration. A priori, c'est bien, et c'est ce dont la franchise avait sans doute besoin, mais cette transition ne se fait pas sans heurt. Après une longue exposition toujours dans ce ton léger, le second tiers du film se précipite dans le débit d'informations sur les origines de ces aliens, leurs guerres passées, leurs ancêtres, en alternant les scènes sur terre et dans des univers parallèlles ainsi une galerie de personnages presque trop nombreux pour arriver à totalement assimiler tout ce micmac à la narration un brin balourde. Expédié trop chichement, en plus. Et c'est ce ventre mou en milieu de film qui peut poser problème, freinant ce monumental blockbuster là où ce n'était pas forcément nécessaire.
Mais Bay étant Bay, ce pépin n'est qu'une façon de reculer pour mieux sauter puisque s'il adopte bien plus profondément l'univers des Transformers, il parvient à en tirer de nombreux atouts, dont celui d'en faire un véritable cartoon live, tant dans la liberté de ton et dans les scènes d'action, comme évoqué plus haut, mais surtout dans ses personnages un peu fous. C'est sans doute là que certains robots sortent clairement du lot, assumant les gros traits caricaturaux qu'ils affichent : un indic teigneux, un Terminator (oui !) à la langue télescopique, des jumeaux qui n'arrêtent pas de se chamailler (on reconnait bien la touche Bad Boys), des grille-pains ''Gremlins'' ou encore une vieille bécane de guerre obligée de se déplacer... avec une canne ! Riche, c'est le mot, combinant une certaine générosité dans le spectacle au plaisir que s'est véritablement offert Bay, Transformers 2 est décidément le film d'un seul homme, au caractère communicatif entier, avec ses défauts mais surtout avec ses grosses, très grosses qualités !