Un Château en Espagne
Le 19/02/2008 à 07:58Par Michèle Bori
Un Château en Espagne est au final une petite comédie qui ne sort certes pas des entiers battus, mais qui délivre la dose nécessaire de fraicheur pour savoir rester divertissant. De plus, il mérite qu'on se déplace en salle pour apprécier ses belles images sur grand écran. Et ça, c'est suffisamment rare qu'on le dise au sujet d'une comédie française pour être souligné.
Deuxième réalisation d'Isabelle Doval après le carton surprise de 2003, Rires et Châtiments, Un Château en Espagne est un de ces films sur les amitiés d'enfance comme savent si bien les faire les Américains, mais qui bizarrement ne fleurissent pas tant que ça dans les esprits des scénaristes hexagonaux. Centré sur l'histoire des jeunes Esteban (Martin Jobert, notamment vu dans Nos Jours Heureux) et Maxime (Jean Senejoux, qui rappelle physiquement le River Phoenix de Stand By Me), deux enfants qui vont tenter de décrocher le casting d'une grande comédie musicale pour que le premier ne parte pas déménager en Espagne, Un Château en Espagne ne brille pas par son originalité, mais plutôt par ses qualités formelles, chose plutôt rare en France. Car si le scénario montre quelques faiblesses (surtout en ce qui concerne les dialogues, bien trop écrits pour être crédibles dans la bouche d'enfants de 12 et 14 ans) et si les comédiens sont honnêtes sans casser la baraque (sauf peut-être la douce Anne Brochet, qui vers la fin du film révèle son énorme potentiel comique), c'est bien du côté de la mise en scène qu'Isabelle Doval réussit son coup.
Ne vous affolez pas, nous ne sommes absolument pas face à un monument de mise en scène digne des grands maîtres du genre. Non, si Un Château en Espagne se révèle si plaisant à regarder, c'est simplement parce que la réalisatrice ose s'éloigner un chouïa du formatage télévisuel (dans lequel, en gros, 95% des plans sont des champs-contre champ) tellement omniprésent au cinéma que l'on en vient des fois à se demander si les films ne seraient pas pensés dès le départ dans le but d'une diffusion sur petit écran, sans passage par la case "salle de cinéma". Un parti pris agréable à l'œil, qui doit certainement beaucoup à la présence de Denis Rouden à la photographie, ce dernier ayant quand même œuvré sur 36 Quai des Orfèvres, Jean Philippe et bientôt MR-73 qui s'annonce comme un véritable petit bijou esthétique. On a donc droit, en plus d'un éclairage chaud et contrasté, à de jolis mouvements au steadicam, à des travellings et même à une tentative de mise en espace de l'action du film. Pour une fois qu'on n'a pas l'impression de regarder un épisode d'Avocats et Associés, et il serait dommage de le passer sous silence.