Vendredi 13
Le 11/02/2009 à 18:32Par Arnaud Mangin
On l'aura peut-être trop attendue la relecture maligne de Vendredi 13, super repompe opportuniste qui misait tout sur la brèche ouverte par l'excellent Halloween de Rob Zombie, représentant pour sa part une sorte de maturité du slasher. Au final, à force d'être une grosse entreprise commerciale calibrée pour un public de neuneus dopé à Saw, ce remake évite toute prise de risque pour n'être qu'un ''bouh t'es mort'' de plus qui n'arrive ni a conserver le fun des films originaux, ni à aborder un quelconque aspect sombre comme on nous l'avait pourtant promis. Lisse comme un masque de hockey fraichement sorti de son emballage, Vendredi 13 version 2009 n'est qu'un coup de machette dans l'eau (du lac).
Lorsque l'on repense à tout ce qu'a pu insuffler Rob Zombie dans sa relecture d'Halloween, on pouvait légitimement miser de très grands espoirs sur une entreprise du même acabit autour de la super icône horrifique Jason Voorhees. Assurément le boogeyman par excellence ! D'autant plus que le père Cunningham et ses associés ont décidé de lancer la machine suite au succès rencontré par le voisin d'en face, Michael Myers. Aussi idiote soit-elle, la mythologie de Vendredi 13 est en tout cas d'une richesse suffisamment grande pour lui offrir un regard neuf, quitte à changer de ton et à explorer une autre facette du mal en esquivant habilement la gaudriole qu'on lui avait longtemps reproché (et pourtant, qu'est-ce que ça pouvait être bon !). C'est ce que nous étions en droit d'attendre, c'est aussi un peu ce qu'on nous avait promis et finalement le monticule n'aura accouché que d'une fourmi. Vendredi 13 "new look" ne fait certainement pas de mal au genre, mais il ne lui apporte en tout cas rien de fondamentalement intéressant pour qu'on se déplace jusqu'à la salle la plus proche. Le film de Marcus Nispel est le non-évènement par excellence, juste un slasher de plus qui se paye de luxe d'afficher un titre prestigieux et ne cherche à plaire qu'à l'ado conciliant à qui cette baudruche s'adresse.
Comme dans la chanson d'Alice Cooper lorsqu'il a signé la bande originale du sixième film, ''He's Back the man behind the mask, and he's after your soul''... Dans le cas présent, il est surtout ''after your porte-monnaie'' parce que rarement le remake d'un classique aura atteint un tel degré d'insipidité. Une prise de risque zéro de chez zéro afin de coller au mieux aux intentions commerciales les plus passe-partout possibles, se gardant bien d'intellectualiser ou même d'approfondir le moindre aspect du personnage. Une qualité que paradoxalement certains opus antérieurs avaient mieux atteint à travers quelques séquences cheap mais sincères. A bien y réfléchir, on apprendra même bien plus de choses sur Jason dans le déjà pas terrible Freddy Vs Jason que dans cette vaine tentative. Au-delà de cette frousse évidente, sous l'appellation remake, il se cache d'ailleurs tout ce qu'on veut sauf un remake mais bien une suite, sur un ton un brin différent, mais une suite quand même. Ca aurait pu s'appeler Jason 12, 24 ou 76, on n'aurait certainement pas fait la différence.
Rien sur la mère Voorhees excepté une intro de 30 secondes, rien sur l'enfance chahutée du tueur, rien sur sa phobie de l'eau, rien sur rien ! Un beau pitch bien bateau, donc : des couillons partent en week-end et se font dessouder tour à tour... excepté le type sérieux de la bande venu chercher sa sœur disparue (et qui n'est pas morte, sinon on ne toucherait pas le grand public). A moins d'avoir moins de 14 ans, impossible d'accrocher à un tel film !
Certes, on nous répondra que les films originaux ne proposaient rien de mieux, mais ils avaient pour eux une vraie notion de divertissement plus ou moins volontaire. Des opus bien bisseux avec les crimes qui vont avec - la plupart échappés d'un cartoon de passage - et un univers bien ancré dans les 80's qui font qu'entre les scènes de meurtres, si on s'emmerdait un peu, on se pavanait pas mal sur l'atmosphère générale. Rien de tout ça ici. Si l'on excepte les très bonnes 10 ou 15 premières minutes qui rendent justement hommage au ton initial (avec des zooms sur les cadavres, des looks dépassés, des bandeaux dans les cheveux, des levrettes dans une tente, etc) dans une intro qui est une sorte de version courte d'un épisode normal, lorsque le film se prend enfin au sérieux, l'ensemble du programme perd tout son intérêt. Vivel Dop pour tout le monde, meurtres peu originaux, du nichon (pas trop gros) régulier pour satisfaire le même ado évoqué plus haut et un rythme à l'encéphalogramme au point mort. Plus fort qu'avec des armes, le nouveau Jason est parvenu à nous tuer d'ennui !