John Dahl fait partie de ces cinéastes américains tels un Curtis Hanson qui reviennent chaque fois avec un film atypique. Même si le réalisateur a fait ses preuves par le passé avec des films noirs, il ajoute avec You kill me une nouvelle corde à son arc, celle de la comédie noire, soutenue par de formidables comédiens, Téa Leoni et Sir Ben Kingsley en tête.

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Malheureusement, le retour de John Dahl est une fois de plus passé inaperçu des deux côtés de l'Atlantique. 4 petits millions de dollars de budget même pas remboursés... à peine 2,5 millions engrangés dont 2,3 aux Etats-Unis seulement. Chez nous, seulement 29 000 spectateurs se sont déplacés, visiblement attirés par le rouge vif de l'affiche. Dommage car John Dahl signe son meilleur film depuis 1999 avec Les Joueurs et insuffle un humour noir là où on ne l'attendait pas.



On se souvient du John Dahl de Kill me Again, Grand Prix du Festival de Cognac en 1990, puis de Red Rock West et Last Seduction. Avec You Kill me, le réalisateur revient au monde des truands, des tueurs, en particulier un tueur minable servant une mafia minable. Coiffé d'un superbe bonnet et capable d'influencer un politicien seulement vêtu d'un caleçon et d'un marcel mettant en valeur son corps tout sec, Ben Kingsley fait des merveilles. Qu'importe l'intrigue secondaire des deux familles mafieuses polonaise et irlandaise, ici l'air « bonnet » de Kingsley prend le dessus rapidement sur tout le reste. Le bougre parvient à nous faire adhérer à cette histoire somme toute assez banale et saugrenue et qui plus est nous fait prendre d'affection pour ce pauvre type qui ne parvient plus à bien faire son travail (en l'occurrence tuer des gens) à cause de son penchant trop poussé pour l'alcool. Alors d'accord, le film manque un peu de rythme mais il s'inscrit parfaitement dans la filmographie de John Dahl qui a su évoluer avec son genre de prédilection, le maniement de l'ironie grinçante. Téa Leoni excelle comme à son habitude. Son personnage ancré dans une solitude sereine et volontaire complète celui de son partenaire, laissant entrevoir les fragilités, les fêlures et les doutes de chacun. On pourrait penser qu'il s'agit d'un film anecdotique et mineur de John Dahl ce qui est bien évidemment faux. La rédemption est encore une fois au cœur de son film et si le jeu était la drogue du personnage de Matt Damon dans Les Joueurs, c'est l'alcool qui est au centre de You Kill me. Les personnages sont suffisamment complexes et attachants et méritent toute l'attention du spectateur.



Comme d'habitude, le cinéaste a su s'entourer de fameux seconds rôles avec notamment Bill Pullman qui trouve ici son meilleur rôle depuis... Lost Highway! Dennis Farina, Luke Wilson, et Philip Baker Hall complètent le casting. Fortement sympathique, d'un humour froid et pourtant chaleureux, You Kill me est un film malicieusement décalé et hautement recommandable !