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Critique : Ayakashi - Episodes 1 à 4

Le 26/09/2008 à 09:54
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Notre avis
6 10 Après un nombre incalculable de pièces de théâtre et de longs métrages de cinéma consacrés au personnage légendaire d'Oiwa, l'épouse bafouée devenue fantôme terrifiant, la série Ayakashi démarre fort en s'emparant dès ses premiers épisodes de Yotsuya Kaidan. Ces quatre premiers actes ne sont que le début d'une série pas comme les autres, qui revisite le folklore horrifique nippon avec le concours d'artistes prestigieux dont les talents sont réunis en une association rêvée. Une démarche originale et accomplie, qui devrait confirmer encore sa pertinence dans les deux volumes suivants.

Critique des épisodes 1 à 4 de Ayakashi

Diffusée pour la première fois en 2006 sur la chaîne Fuji TV, la série Ayakashi est un projet original à plus d'un titre. Premièrement, parce qu'elle n'est pas adaptée d'un manga, contrairement à un nombre croissant de productions actuelles. Mais elle se démarque surtout par la singularité de sa conception et de sa structure : ses onze épisodes se divisent en trois parties distinctes, qui racontent non seulement des histoires différentes, mais ne sont pas forcément l'œuvre des mêmes artistes d'une fois sur l'autre. Le point commun entre ces trois histoires : toutes sont inspirées de légendes horrifiques issues du folklore nippon. Si les deux premières, Histoire de fantômes de Yotsuya et La Déesse de la Tour Sombre, se réfèrent à la tradition théâtrale, la troisième, Bakeneko, est certes originale dans son récit mais met en scène un monstre mythologique très connu des Japonais. Logiquement, Ayakashi nous arrive donc en trois volumes édités séparément, chaque conte pouvant s'apprécier comme un film à part entière, divisé en autant d'actes qu'il comprend d'épisodes.

 

Critique des épisodes 1 à 4 de Ayakashi

 

Lorsque le rônin Iemon Tamiya se voit refuser la main de la belle Oiwa de la bouche du père de celle-ci, son sang ne fait qu'un tour et il tue le vieil homme à la première occasion. Persuadée que son père a été exécutée par un bandit, la jeune femme accepte de l'épouser et le couple donne bientôt naissance à un enfant. Mais les ambitions de Iemon sont loin d'être assouvies par cette vie de misère et il se lasse bientôt de sa femme. Apprenant que la jeune héritière d'un riche voisin s'est éprise de lui, il décide de se débarrasser d'Oiwa afin de sceller ce mariage plus profitable. Il ne se doute pas que la vengeance de l'épouse bafouée sera terrible...

 

La bonne idée de Ayakashi est de débuter avec l'un des contes fantastiques les plus familiers du public, à savoir Histoire de fantômes de Yotsuya, pièce célèbre créée en 1825 par Nanboku Tsuruya, rejouée à l'infini depuis et déclinée encore des dizaines de fois au cinéma depuis le début du siècle dernier. Keisuke Kinoshita en 1949, Kenji Misumi en 1959, pour ne citer que des cinéastes célèbres, l'on tous deux revisitée à leur manière. Parmi les cinéastes contemporains, citons Yukio Ninagawa qui lui apporte en 2004 un éclairage bien particulier avec Warau Iemon, et bien sûr Hideo Nakata dont le Kaidan réalisé en 2006 modernise lui aussi la légende en y mêlant perversité et sentiments. Mais le premier arc de Ayakashi semble se référer plus précisément à l'une des adaptations les plus fameuses de la pièce, à savoir le film Yotsuya Kaidan (Ghost Story of Yotsuya en anglais), réalisé en 1959 par Nobuo Nakagawa. Dans les quatre épisodes de ce premier volume, on retrouve le même type d'atmosphère insidieusement pesante, de décors dépouillés, de mise en scène théâtrale de l'horreur. Clin d'oeil ou non, le Takuetsu d'Ayakashi, serviteur de Tamiya et témoin de l'empoisonnement de Oiwa, ressemble comme deux gouttes d'eau à l'acteur Jun Otomo qui incarne le même personnage dans le film de Nakagawa. A ce titre, l'idée de confier le character design original à Yoshitaka Amano est particulièrement judicieuse. Les visages nobles et allongés, les yeux effilés, l'emphase mise sur les costumes, tout concourt à ancrer les personnages dans leur époque, à mille lieues des modes graphiques cliché qui inondent depuis l'animation japonaise depuis les années 1990.

 

Critique des épisodes 1 à 4 de Ayakashi

 

Innocente jeune fille en fleurs au début du premier épisode, Oiwa se métamorphose sous nos yeux en une créature insaisissable dot le visage défiguré renforce étrangement la prestance. Iemon est quant à lui dépeint sous un jour très cruel : ses traits harmonieux sont régulièrement déformés par un rictus de haine glaçante, un contraste que le graphisme réaliste de la série restitue avec bonheur. Contrastant avec le rythme enlevé de l'ouverture et la mélancolie chaleureuse du générique de fin, la partition musicale discrète et inquiétante de Koji Takanashi achève de relier Ayakashi à la plus pure tradition des films de fantômes japonais. S'effaçant derrière son sujet, le réalisateur Tetsuo Imazawa opte pour une mise en scène sobre mais efficace, entièrement au service des personnages. Mais la série ne serait pas ce qu'elle est sans le parti-pris adopté par le scénariste Chiaki J. Konaka (Serial Experiments Lain), qui consiste à raconter l'histoire d'Oiwa à travers le récit de son auteur, Nanboku Tsuruya. Le quatrième épisode s'autorise ainsi une mise en perspective intéressante de l'œuvre depuis sa création, avec l'ajout de détails amusants destinés à étayer l'aura surnaturelle dont est enveloppée l'histoire et le personnage-même de la femme fantôme. On ressort de ce premier volume piqué au vif par la curiosité que suscite cette relecture moderne de Yotsuya Kaidan, et par la seule idée de se retrouver la prochaine fois au cœur d'une ambiance encore différente, avec La Déesse de la Tour Sombre.

 

Critique des épisodes 1 à 4 de Ayakashi






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