Critique : Death Note - Episodes 13 à 24

Cette seconde partie de Death Note reprend l'histoire exactement là où elle s'était arrêtée, à savoir juste après l'entrée en scène de Misa Amane, dont la présence va bouleverser la donne du duel sans merci qui s'est engagé entre Light et L. Si la première saison opposait clairement les deux conceptions de la justice incarnées par le deux garçons, la suite met quelque peu à mal leur idéologie respective. D'un côté, Light détient le pouvoir divin prodigué par le cahier de la mort et se conduit comme un ange exterminateur faisant justice lui-même, avant de se laisser gagner par ses ambitions démesurées. Craignant les soupçons portés sur lui et sur Misa, sa nouvelle complice et esclave consentante, le garçon va voir sa condition de toute puissance mise à l'épreuve par nécessité en perdant volontairement la mémoire de ses actes liés au Death Note. De l'autre côté, L incarne la Loi définie par la communauté (ce n'est pas pour rien si son nom est un mystère) et travaille en utilisant les rouages des systèmes policier, technologique et judiciaire. A cause des agissements de Kira, les convictions de ce détective de l'ombre vont elles aussi encaisser un coup dur puisque les pouvoirs publics vont se désolidariser de son enquête. Prenant une direction imprévue, l'intrigue amène alors les deux jeunes hommes à travailler en étroite collaboration, au point qu'ils se retrouvent menottés l'un à l'autre le temps de plusieurs épisodes. Au-delà du caractère comique et surtout très ambigu de la situation - leur relation n'est tout de même pas très claire ! - ce lien physique souligne à quel point l'action de chacun constitue une réaction logique à l'existence et aux défaillances de l'autre. La cohabitation entre Light et L participe aussi à apporter du sel à cette seconde partie qui alterne avec succès les moments de tension inquiétants avec les passages plus légers et humoristiques.

Light Yagami se révèle plus ambivalent que jamais puisqu'il se comporte en véritable schizophrène, d'une manière qui n'est pas sans rappeler le principe de Substance Mort (Philip K. Dick) puisque le garçon est amené à enquêter sur Kira, son autre personnalité. Les rôles secondaires sont loin d'être en retrait, Misa Amane se révélant très fidèle au personnage du manga, tour à tour enfantine et perverse, attendrissante et irritante, avec un penchant à peine déguisé pour le sado-masochisme. Si le père de Light ne tire son épingle du jeu qu'en début de saison, notamment dans la séquence très dérangeante de la voiture, d'autres membres de la cellule d'enquête trouvent leur moment de gloire, à commencer par Matsuda qui parvient paradoxalement à faire avancer le schmilblick en accumulant les gaffes. Comme dans la première saison, Death Note colle au plus près du scénario du manga, reproduisant à l'identique l'intrigue liée à la banque Yotsuba (absente des films) tout comme les échanges plus anecdotiques entre les différents protagonistes - parfois à la réplique près. Les lecteurs de l'œuvre d'Obata et Ohba pourront presque déplorer l'absence totale de surprise qui leur est réservée dans le déroulement des événements, comme si la série de Tetsuro Araki avait pour but de se substituer au manga papier au lieu d'en apporter une nouvelle lecture. Néanmoins, les mêmes amateurs de l'oeuvre d'origine se laisseront tout de même séduire par le superbe travail de mise en scène, qui parvient à contrer l'abondance de dialogues par des effets d'ambiance toujours très immersifs. Le style visuel, très sombre, s'approche souvent d'une esthétique monochrome, les tons évoluant au gré de la personnalité ou des humeurs des protagonistes, notamment de Light Yagami. Ainsi, lorsque celui-ci n'a pas conscience qu'il est Kira, les couleurs deviennent plus chaudes, reprenant leurs dominantes glaciales dès lors que les souvenirs lui reviennent. A cela vient s'ajouter une partition musicale toujours aussi étrange qui tient un rôle clé dans la narration, conférant aux scènes phares une touche mystique. A noter aussi le changement des génériques au milieu de cette saison 2, l'ouverture misant à fond la carte de l'expérience psychédélique.

Le seul vrai bémol de ce second coffret Death Note réside dans le choix (de l'éditeur?) de couper juste avant la fin de la première partie du manga, une décision incompréhensible qui casse un peu l'ambiance et surtout la dynamique puisqu'il faudra attendre jusqu'au mois d'octobre pour découvrir si le plan de Light s'est déroulé ou non comme prévu. Une conclusion qui ne devrait s'étendre que sur un malheureux petit épisode, avant que la troisième partie ne commence... On aurait franchement préféré que la césure se fasse à l'instar du tome 7 du manga au moment où les nouveaux enjeux se mettent en place.