Critique : Gurren Lagann - Episodes 1 à 9

Le studio Gainax renoue avec un genre qui a fait sa gloire par le passé : les histoires de robots géants. Certes, depuis la sortie d'Evangelion, les titres traitant de ce sujet furent légion dans l'animation japonaise, mais là où certains auraient réalisé une série sans saveur, la Gainax arrive à pimenter ce style. Gurren Lagann est un savant mélange du sérieux d'Eureka Seven, du délire humoristique visuel de Abenobashi Mahô Shôtengai et de fan service. Hiroyuki Imaishi, réalisateur de cette série, réussit cette alchimie en proposant une relecture des codes définissant les histoires de robots. Si l'humour est omniprésent, le sérieux n'est pas loin et l'on apprend avec stupeur que les héros ne sont pas immortels.

Si les robots sont souvent aux premières loges, ce sont les rapports humains qui occupent véritablement l'espace scénaristique de la série. Les relations entre les différents personnages enrichissent grandement l'animation, apportant une dynamique indéniable à Gurren Lagann. La galerie de personnages est vaste mais notre attention est retenue par les principaux acteurs de cette aventure. Simon est réservé et plutôt introverti. Doutant souvent de lui, il est néanmoins soutenu par ses camarades d'action,  et en tout premier lieu par Karmina qui est son contraire. Extraverti et vantard, celui-ci possède cependant un charisme indéniable mais surtout un pouvoir attractif sur la gent féminine des plus impressionnants. Il agit toujours sans réfléchir, fonçant tête baissée dans l'action. Chef de file de la fronde que mènent les humains contre les «bêtes», il fondra dans les bras de la belle Yoko à la plastique affriolante, au grand damn de son ami Simon.

L'héroïne principale de Gurren Lagann possède un caractère bien trempé et ne s'en laisse pas compter par les garçons. Elle est telle une amazone, ayant conservé tous ses  attributs féminins tout en sachant faire preuve d'une certaine sensibilité. Les différents personnages féminins de cette série sont de véritables catalyseurs d'énergie et chaque nouvelle apparition entraîne un rebondissement de l'intrigue. On aura plaisir à suivre l'étrange cochon-taupe qui suit notre trio de héros. Personnage secondaire, il arrive a jouer un rôle essentiel dans certains épisodes, apportant par moment une note grivoise aux images.

Le clin d'oeil de l'équipe de réalisation vient avec l'épisode 6 dans sa version DVD, où l'on sent que les animateurs ont eu la bride lâche et se sont fait plaisir. En effet, la version télé est une sorte de redite des images qui composent les cinq premiers épisodes associés à une histoire ponctuelle. La version DVD est par contre complètement loufoque. On peut y voir les différentes héroïnes des grandes séries produite par Gainax : Rei et Asuka d'Evangelion, ou Nono et Lal'c de Gunbuster 2 dans le rôle d'hôtesses de bain Japonais. Un humour déjanté, parfois potache, parcourt cet épisode renouant avec Fuli Culi ou encore Abenobashi Mahô Shôtengai.

Si le destin final de Simon le héros est dévoilé dès le premier épisode, le chemin qui lui permettra d'y arriver reste incertain. Ce premier coffret comprend les épisodes 1 à 9, ce qui représente le premier tiers de l'intrigue. Un tournant est très nettement marqué dans l'épisode 8. L'humour jusque là omniprésent fait place à des événements douloureux qui vont marquer le héros et son entourage. Le délire revient cependant très vite à la charge et le dernier épisode de ce coffret nous laisse véritablement sur notre faim. Sous un aspect amusant et potache, Gurren Lagann aborde des sujets très sérieux comme les choix douloureux à réaliser pour assurer la pérennité de l'espèce humaine lorsque le trio de héros se retrouve au sein d'un village où la limite de population est de 50 personnes. Hiroyuki Imaishi arrive à nous captiver en réalisant avec brio une série qui mêle humour, robots, amour et réflexion.