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Critique : Hung, la critique complète de la première saison

Le 23/04/2010 à 15:00
Par
Notre avis
5 10

Surfant sur la mode des comédies sociales effrontées à la Californication ou à la Eastbound & Down, Hung partait néanmoins avec un énorme (sans mauvais jeu de mot) atout dans sa poche : un postulat de départ original et au potentiel comique fort. Si la série évite habilement de sombrer dans le piège du trash gratuit, elle tombe malheureusement là où on ne l'attendait pas, dans une routine sans surprise et réduisant la comédie à peau de chagrin. Au final, restent tout de même dix épisodes assez courts et agréables à regarder, notamment grâce à une galerie de personnages attachants et une fine analyse des moeurs de la classe moyenne américaine inquiétée par la crise.


Critique Hung saison 1

Synopsis :

Divorcé, au bord de la banqueroute et en situation difficile dans son travail de professeur/entraîneur au lycée, Ray Drecker (Thomas Jane) touche véritablement le fond après l'incendie de sa maison. Ray est alors contraint de confier ses enfants à son ex-femme Jessica (Anne Heche) et de camper au fond de son jardin. Alors que rien ne semble éclairer son horizon, Ray retrouve Tanya (Jane Adams), une conquête d'une nuit, lors d'un séminaire d'auto-motivation. Tout le monde à un point fort, un don, un talent, lui apprend le séminaire... Celui de Ray ? Avoir un gros kiki et savoir s'en servir ! Aidé par Tanya qui devient sa maquerelle, Ray se lance dans une carrière de gigolo. Il espère ainsi remonter la pente, financer les travaux de sa maison et convaincre ses enfants de revenir vivre avec lui.

 

Critique Hung saison 1

 

Critique Hung saison 1

 

La rédemption d'un loser, de la provocation, du sexe, du sexe et encore du sexe... Avant même d'avoir vu le pilote, le spectateur croit savoir ce qu'il va trouver dans cette nouvelle série made in HBO. Que nenni ! Hung qui n'est pas le produit attendu, et c'est tant mieux, et cherche à acquérir sa propre personnalité en oscillant entre le drame et la comédie de moeurs, toujours avec une grande pudeur et un grand respect pour ses personnages. Autant l'avouer immédiatement, le contrat n'est rempli qu'à 50% et selon les affinités, certains y verront le verre à moitié plein et d'autres celui à moitié vide.

 

Le gigolo et sa maquerelle, l'ex-femme et son mari, la cliente bizarre, les jumeaux, les collègues, la voisine coquine... toutes les relations de ce petit univers sous tension sont extrêmement réussies grâce à une grande finesse dans le traitement des personnages. Pas ou peu de stéréotypes grossiers venant transformer la série en théâtre de boulevard mais une galerie de personnages secondaires tous plus réussis et attachants les uns que les autres avec une mention pour les « clientes » de Ray. En effet, sans jamais porter de jugement de valeurs, la série dépeint tout en finesse ces clientes qui viennent acheter de l'amour, ou autre chose, et porte sur ces femmes blessées par nous - odieuses créatures masculines - un regard rempli de tendresse. Une vraie grande réussite de la série qui trouve un point culminant dans la relation entre le gigolo et Jemma (Natalie Zea), une femme calibrant leurs rencontres au millimètre près et dans un but bien précis. Bref, sur fond de crise économique, Hung décrit magnifiquement cette Amérique moyenne (et même un peu plus) aux prises avec un quotidien pas toujours rose et qui rêve de lendemains meilleurs, de se libérer du poids des conventions sociales, et continue sa quête du bonheur personnel... En un mot comme en cent, Hung place la frustration au centre du sujet. Car finalement, le mariage, l'amour, la petite vie bien réglée et la routine sont-ils synonymes d'épanouissement ? Pas sûr, nous répond Hung, ou alors sous certaines conditions.

 

Critique Hung saison 1

 

Amour ou amitié, espoirs ou déceptions, cette grande finesse dans les relations entre les personnages se paye malheureusement cash. Alors que Hung s'annonçait comme une comédie au potentiel énorme, la série n'arrache au mieux que des sourires et passe complètement à côté de son sujet. En effet, les scénaristes semblent naviguer à vue avec certes de bonnes idées mais qui traînent en longueur comme s'ils ne savaient pas trop quoi faire d'un sujet qui leur brûlait les mains. Une fois le ton donné, peu de surprises viennent pimenter le déroulement des épisodes et le cliffhanger de fin de saison est carrément prévisible depuis le second épisode. Un défaut étonnant au vu du postulat de départ qui laissait entrevoir de multiples mises en situations cocasses. A force de trop vouloir éviter de tomber dans le vulgaire, une initiative louable, Hung finit par perdre son fil directeur et laisse le spectateur dans l'expectative. Il en résulte un manque de rythme flagrant qui a tendance à endormir radicalement l'intrigue, laquelle se résume d'ailleurs à comment devenir un « happiness consultant » ou, en d'autres termes, un gigolo. Du rythme, du rythme, du rythme... si faire rire est toujours une mission périlleuse et est bien plus dure que de faire pleurer, le rythme est toujours l'ingrédient indispensable d'une alchimie réussie. Justement, Hung en manque furieusement. Le format court de 26 minutes vient de justesse sauver la série de l'ennui.

 

Loin d'être l'ovni qu'il aurait pu devenir, Hung se révèle décevant sur le plan de la comédie en n'osant pas aller jusqu'au bout de son idée. Néanmoins, la galerie de personnages, servie par un excellent casting (Thomas Jane et Jane Adams en tête), et l'analyse douce-amère de mœurs de la classe moyenne américaine en pleine crise économique font de Hung une série plaisante à défaut d'être indispensable. A découvrir.

 

Critique Hung saison 1

 

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