Preview The Beast épisodes 1 et 2
Le 16/09/2009 à 12:55Par Arnaud Cuirot
Décédé le 14 septembre dernier, Patrick Swayze laisse incontestablement un vide dans l'imaginaire des femmes trentenaires et quadragénaires et ces dernières n'ont pas fini de fredonner She's like the wind ! Plutôt que de rediffuser une énième fois Dirty Dancing ou Ghost, Paris Première a décidé de rendre hommage à l'acteur en diffusant ce soir mercredi 16 septembre à partir de 20h35 les trois premiers épisodes de The Beast (rebaptisée en français The Beast - Bienvenue en enfer).
Alors, faudra-t-il se trouver ce soir devant Grey's Anatomy sur TF1 ou devant The Beast sur Paris Première ? Tuons le suspens immédiatement, débrouillez-vous comme vous le voulez (vive les magnétoscopes et les rediffusions sur Internet !) mais The Beast est une série suffisamment particulière pour s'imposer comme le programme à ne pas rater. Alors certes, cette diffusion se fait dans des conditions que nous aurions aimé éviter mais voir The Beast en France dès septembre 2009 est tout simplement inespéré.
Pour mémoire, les treize épisodes de la série furent diffusés sur la chaîne du câble américain A&E (Real Life. Drama) entre janvier et avril 2009. Alors qu'une seconde saison était prévue, elle fut annulée sans que l'on sache exactement si la raison en était la santé de Patrick Swayze ou les audiences moyennes.
Synopsis :
Charles Barker (Patrick Swayze), agent du FBI expérimenté mais connu pour ses méthodes peu orthodoxes, est chargé d'assurer la formation d'Ellis Dove (Travis Fimmel), un débutant. A contrecoeur, Charles entraîne Ellis dans une enquête sur un trafic d'armes. Il ignore encore que les services internes du FBI, qui mènent une enquête à son sujet, ont contacté Ellis afin qu'il les aide à prouver que Charles est un policier corrompu...
Une bête sombre et maléfique.
Polar noir ambigu, The Beast abat dès le premier épisode plusieurs de ses cartes maîtresses, à savoir une frontière indiscernable entre le bien et le mal, des héros qui n'en sont pas, un métier qui ronge de l'intérieur et des poignées de mains cordiales qui ne se font qu'avec un flingue dans le dos... Ceux qui aiment les situations claires aux héros bien définis peuvent dès à présent passer leur chemin. The Beast lorgne ouvertement sur The Shield et son ambiguité. Si la série n'atteint bien évidemment pas en deux épisodes la maestria et les enjeux de son modèle en sept saisons, il n'en reste pas moins des qualités indéniables dont la première est de parvenir à poser des personnages complexes.
Bien entendu, le duo maître/élève avec un aîné blasé par la vie et un rookie modèle avec des idéaux pleins les yeux n'est une nouveauté ni au cinéma ni à la télévision. Mais ces deux premiers épisodes placent une donnée supplémentaire pertinente : ils font un métier de salopards, où la trahison et la tromperie s'affirment comme des qualités pour rester en vie. On se doute alors que ce jeu du chat et de la souris ne fait que commencer et risque de durer pendant un paquet d'épisodes au cours des treize que compte cette première et unique saison. Mais qui est le chat ? Qui est la souris ? Tout simplement le meilleur à son poste, Charles Barker en a certainement encore sous la semelle... Bref, au bout de ces deux épisodes, The Beast annonce un menu alléchant à base d'intrigues complexes, d'ambiguïtés, de retournements de situations et de noirceur. Trop lourd à porter ? Peut-être, quand on annonce un programme aussi ambitieux, il faut assurer derrière et les scénaristes se retrouvent condamnés à un sans-faute sous peine de décevoir.
Sentiments interdits
Chicago, la pluie, la neige, la nuit... Pour mettre en scène ce duel silencieux, les scénaristes plongent les personnages principaux dans un univers où tout est glacial, y compris les relations entre les individus. Si ce point de vue imposé n'est pas dénué de pertinence, loin delà, il est peut être par la même occasion le point faible de ces deux épisodes. En effet, une distance se crée entre le spectateur et les personnages principaux. Comment s'identifier à des « héros » qui ne montrent rien de leurs véritables sentiments ? Comment s'impliquer dans cet univers hostile fait de mensonges et de trahisons ? Il manque incontestablement à The Beast une étincelle de vie permettant d'accrocher à coup sûr le spectateur.
Aux Etats-Unis, The Beast était fortement attendu à cause de la présence au générique de Patrick Swayze, dont on ne sait que depuis 48 heures qu'il s'agissait de la dernière apparition à l'écran. Si sa performance fut globalement saluée aux Etats-Unis, elle est pourtant remplie de paradoxes : Monolithique, froid, distant, c'est-à-dire à l'image de la série, l'acteur parvient pourtant à s'imposer par son charisme dingue et une inspiration débordant à l'écran à chaque seconde de présence. Particulièrement bluffés que nous sommes par la prestation de l'acteur, il convient par honnêteté envers vous, amis lecteurs de Filmsactu, de signaler qu'il n'est pas forcément évident de faire la part des choses entre la véracité de ce que nous avons vu et le salut du chant du cygne, l'ultime rôle d'un acteur que nous regretterons.
Quoi qu'il en soit, en appréciant cette performance, on ne peut que regretter la carrière de Patrick Swayze. Alors que l'acteur restera surtout dans les mémoires collectives pour ses comédies romantiques (Dirty Dancing et Ghost bien entendu), Swayze prouve ici qu'il avait probablement les épaules pour supporter des rôles d'envergure et beaucoup plus complexes. Une approche ambigüe qu'il avait déjà esquissée (mais de manière différente, les personnages n'étant pas comparables) dans son rôle de Bodhi Salver dans Point Break. Mais les choix de carrière, la drogue, l'alcoolisme... Que de regrets.