Critique : Le Chevalier d'Eon - Episodes 1 à 8
Le 06/03/2008 à 13:25Par Caroline Leroy
Notre avis
La série d'animation Le Chevalier d'Eon est comprise dans un vaste projet qui se décline aussi sous forme d'un roman et d'un manga. A l'origine de cette saga, il y a un homme, Tow Ubukata, jeune auteur de 31 ans dont la solide carrière de romancier s'étend déjà sur plus de douze ans et lui a valu de nombreux prix, pour ses œuvres de science-fiction notamment. Avec cette série, il s'attaque ni plus ni moins à l'Histoire de France du XIIIème siècle et à l'un de ses personnages légendaires, Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Timothée d'Eon de Beaumont dit "Le Chevalier d'Eon", connu pour avoir officié dans la diplomatie à haut niveau en se travestissant en femme. Produite par le studio I.G (Ghost in the Shell, Jin-Roh) et réalisée par Kazuhiro Furuhashi (à qui l'on doit notamment les superbes OAV de Kenshin Le Vagabond et la série Zipang), la série Le Chevalier d'Eon exploite de manière surprenante la particularité du personnage, réécrivant l'Histoire à sa manière pour lui faire revêtir les atours d'un thriller surnaturel haletant.
Ce n'est donc pas un seul personnage que Le Chevalier d'Eon prend pour héros, mais deux. D'un côté, le chevalier d'Eon de Beaumont, jeune homme doux, calme et réfléchi ; de l'autre, sa sœur aînée Lia de Beaumont, fine lame assoiffée de vengeance, qui investit le corps de son frère dès que l'urgence le commande. Le profond conflit de personnalité de d'Eon - qui ne sait plus s'il est un homme ou une femme - est ainsi parfaitement préservé et développé au fur et à mesure des épisodes. Mais il est doublé de surcroît d'une problématique tournant autour de la relation plus qu'ambiguë que le jeune homme entretient avec sa sœur décédée, dont le corps est soigneusement conservé dans un cercueil, intact. L'ambiance trouble de la série est encore rehaussée par la présence de goules criant famine sur le chemin de D'Eon et de ses amis, créatures engendrées par la malveillance d'individus en contact avec les forces occultes. Si le premier épisode du Chevalier d'Eon s'avère volontairement confus, multipliant les assassinats mystérieux dans le sillage de la cour du roi Louis XV sans que l'on sache encore exactement qui est qui, les choses deviennent plus claires dès le second, et l'enquête menée par les membres du Secret du Roi peut alors réellement commencer. Enquête qui, à l'issue des huit épisodes de ce premier volume, les mènera rien moins qu'en Russie, en plein cœur de la cour de la tsarine Elizabeth.
La fluidité de l'animation du Chevalier d'Eon s'accompagne d'une identité visuelle générale de grande tenue. La première chose qui frappe, outre l'harmonie du character design de Tomomi Ozaki, est la richesse et la minutie des décors, et en particulier des intérieurs luxueux. Il n'est qu'à voir, le temps de quelques plans, le soin apporté au cabinet de travail du roi Louis XV pour s'en convaincre. Les moyens sont là de toute évidence, et le recours à la 3D parfaitement justifié par les exigences de réalisme - même si le contenu de l'histoire comporte de nombreux éléments surnaturels - de l'auteur. On reconnaît au passage le style de la compositrice Michiru Oshima, dont le talent avait déjà fait énormément pour la série Fullmetal Alchemist et qui livre là, une fois encore, une partition envoûtante et jamais dénuée d'émotion. On attend avec impatience la suite du Chevalier d'Eon, les personnages principaux commençant à se préciser vraiment vers la fin de ce premier volume très dense en rebondissements tandis que d'autres, non moins intrigants, font une entrée en scène déjà remarquée laissant présager du meilleur pour l'avenir.