Critique : Les Chroniques d'Arslân - L'intégrale

L'adaptation animée des Chroniques des guerres d'Arslân ou Arslan Senki (1986-1990), est basée sur l'oeuvre de Yoshiki Tanaka. Elle fait partie de ces grandes épopées d'heroic-fantasy de l'animation japonaise, tout comme Les Héros de la Galaxie, autre ouvrage de Tanaka. A l'image de ce dernier, Arslân combine avec brio les personnalités les plus diverses, mises en valeur par le talent de la chara designer Sachiko Kamimura (City Hunter). Alors que le titre restait inédit en France jusqu'à présent, c'est à l'initiative de l'éditeur Black Bones que nous avons aujourd'hui l'opportunité de le découvrir en intégralité dans un même coffret.

En l'an 320 du calendrier de Parse, l'armée du roi Andragoras est vaincue par les troupes du Royaume de Lusitania au cours de la terrible bataille d'Atropathènes. Ecbatâna, la capitale, est mise à sac et le royaume est conquis. Échappant de peu à la mort, le jeune prince héritier de Parse Arslân rassemble à ses côtés un groupe d'individus hors du commun dans le but de combattre l'usurpateur au Masque d'Argent, Hilmes. Accompagné de Dariûn, un chef de cavalerie, Narsus, stratège militaire et peintre, Alfrîd, fille du chef des Zott, du ménestrel Ghîb et de la belle prêtresse Faranghîs, Arslân devra monter une armée capable de tenir tête aux 30 000 soldats lusitaniens bien entraînés et reconquérir le trône.

Les Chroniques d'Arslân sont un vibrant et brillant hommage aux grandes fresques d'héroïc fantasy japonaises. En comparant avec Les Chroniques de la guerre de Lodoss, sorti quelques années plus tard, on constate sans conteste une égale si ce n'est une meilleure qualité graphique et narrative. Les deux premières parties des Chroniques d'Arslân sont constituées de deux films de 58 minutes chacun, tandis que les dernières se présentent sous la forme de quatre OAV de 28 minutes environ chacune. On constate une nette différence de traitement et de rythme entre les films et les OAV conçues par la suite. Le premier film installe l'histoire et ses personnages, tandis que le second film et les deux OAV suivantes nous permettent d'explorer la patrie d'Arslân, la Parse, issue bien évidemment de la Perse antique. On peut souligner les magnifiques costumes et décors d'inspiration orientale. La stratégie prend ensuite le pas sur l'action et sur les légères tonalités d'humour disséminées dans les premières parties de ces chroniques.

Certains personnages, tels que le prince Arslân, Ghib le ménestrel ou l'impétueuse et pétillante Alfrid, parviennent plus particulièrement à tirer leur épingle du jeu. Mais Narsus le fin stratège n'est pas assez mis en avant, sa personnalité n'est pas aussi fouillée qu'elle aurait pu l'être, tout comme celle de Hilmes ou encore du discret Dariun. Arslân est le plus attachant des protagonistes : faisant étalage de ses qualités et de ses faiblesses, il est dévalorisé aux yeux de ses ennemis et même de certains de ses compagnons par sa naïveté et sa gentillesse innée... En avance sur son temps, il souhaite du jour au lendemain abolir l'esclavage, sans penser aux conséquences immédiates que cette brutale décision occasionnerait auprès de ses vassaux.

Dix-sept ans après leur création, Les chroniques d'Arslân parviennent encore à nous tenir en haleine du début à la fin, malgré un manque de rythme manifeste dans certains segments de l'histoire. La plupart des personnages sont séduisants et intéressants et l'intrigue conserve son suspense de bout en bout. De plus, on apprécie le graphisme léché et délicat de cette brillante saga.