Critique : Mad Bull 34 - OAV 1 à 4
Le 29/01/2009 à 10:42Par Frédéric Frot
Mad Bull 34 présente des scènes de violence et des scènes explicitement érotiques et se destine en cela explicitement à un public adulte. On y retrouve les éléments typiques de cette période de la fin des années 80 qui ont fait la fortune de quelques classiques du cinéma d'action. On regrettera l'aspect caricatural des histoires sans toutefois bouder le plaisir de suivre les aventures de ces deux policiers sympathiques que sont Sleepy et Eddie. Mad Bull 34 est une série de quatre OAV à découvrir sans toutefois être essentielle à une collection de DVD.
Mad Bull 34 est une série animée du début des années 90 que l'on peut sans conteste classer dans la catégorie seinen. La violence, ainsi que les scènes explicites quant aux relations entre les personnages masculins et féminins, sont omniprésentes. Cependant il ne s'agit pas véritablement de fan service, qui s'est véritablement développé ultérieurement dans l'animation. Nous sommes ici en présence d'une histoire dont le héros aurait pu être l'inspecteur Harry et le découpage cinématographique être celui d'un film live.
A l'origine de cette série de 4 OAV, on trouve un manga du milieu des années quatre vingt dont le scénariste n'est autre que Kazuo Koike. Si ce nom n'évoque que peu de choses au grand public, ses œuvres en revanche parlent d'elles-mêmes : Crying Freeman, Lady Snowblood qui donnera un film éponyme et plus récemment Princess Blade ou encore Lone Wolf and Club, plus connu sous le titre de Baby Cart. Les thèmes abordés et leurs traitements sont très adultes, ce qui fait de Mad Bull 34 une animation nettement destinée à un public adulte. Ces OAV reprennent quatre des histoires éditées dans le manga tout en respectant le déroulement temporel de la version papier.
La première des histoires permet de rencontrer les deux acteurs principaux de cette intrigue, deux caractères que tout semble opposer. En premier lieu, nous avons Daizaburô Eddie Ban, fraîchement affecté au district 34. Policier modèle, de petite taille, il est l'antithèse de son nouveau coéquipier, John "Sleepy" Estes dit aussi "Mad Bull". D'une taille imposante, ce dernier semble tout droit sorti d'une salle de musculation. Ses méthodes pour le moins expéditives le positionnent entre un inspecteur Harry et Judge Dread. Mad Bull 34 va jouer sur cet antagonisme, même si les caractères et les objectifs des deux protagonistes se rejoignent durant les quatre histoires. Sleepy n'est pas tout à fait le flic impulsif et barbare que l'on peut imaginer. Le spectateur aura tendance à se placer suivant le regard de Eddie qui évolue durant la première histoire jusqu'à un point d'équilibre qui ne variera presque plus par la suite. Sleepy deviendra alors un coéquipier sur qui compter malgré ses méthodes expéditives.
Lors de la seconde OAV, on rencontre le troisième personnage principal de cette série : l'inspecteur Perrine Valley. L'adjonction de ce personnage féminin au caractère affirmé permet de faire évoluer le personnage d'Eddie qui semble légèrement amoureux de cette collègue. La réciproque semble aussi d'actualité, la fin romantique mais non dénuée d'humour venant appuyer cette impression. C'est le trafic de drogue et un inspecteur ripoux qui servent de base à ce second scénario. Perrine retrouvera alors un vieil ennemi rencontré lors de sa précédente affectation.
La troisième OAV fait une incursion du coté des médias avec l'apparition d'un autre personnage féminin amie de Perrine, la journaliste Jacqueline Moyer surnommée "Charging Jacky". La télévision prend ici le rôle idéalisé de redresseur de torts. La liberté d'expression est mise à mal par un nanti qui utilise son influence pour couvrir ses actes délictueux. La fin de cet épisode surprend mais permet de dévoiler un peu plus l'esprit de Sleepy et sa relation à son district.
Le dernier opus est placé sous le signe du fantastique, s'éloignant en cela de l'aspect partiellement réaliste de la série. C'est aussi sans conteste le plus touchant de ces quatre récits. Bien qu'il soit toujours aussi violent que les précédents, il s'en dégage une certaine mélancolie. Sleepy dévoilera lors de cet épisode ses ultimes facettes et son grand cœur. Cet opus final cloture cette série d'OAV d'une manière relativement tragique.
Violence omniprésente, filles aux plastiques aguicheuses font de Mad Bull 34 une œuvre véritablement destinée à un public majeur. On remarque que les personnages féminins qui apparaissent tout au long de ces animations sont loin d'être des seconds rôles faire-valoir du duo Eddie et Sleepy. Avec leur fort caractère, ce sont souvent elles qui permettront a l'intrigue d'évoluer, qu'elles soient "gentilles" ou "méchantes". La brutalité des scènes d'action très sanglantes frise allègrement le gore. Il n'est pas rare de voir des membres sectionnés et des litres d'hémoglobine répandus. Malgré cela, l'humour est présent sous forme de gags visuels. Cela permet de rendre ces OAV moins sérieuses que les thèmes abordés ne pouvaient le laisser présager. Chaque enquête aborde des sujets graves et encore d'actualité de nos jours, comme le viol et l'impunité de certains, ou encore la drogue ou la mafia. Le tableau dépeint ici n'est pas totalement noir et la justice finit toujours par triompher même si les moyens relèvent plus du justicier joué par Charles Bronson ou de Sylvester Stalone en Judge Dredd.
Mad Bull 34 est malgré tout un peu parodique et ne dépeint pas véritablement la vérité. Il s'agit plutôt d'une vision déformée par le prisme des séries télévisées de ces années-là. L'animation réalisée avec la méthode traditionnelle des cellulos ne présente pas de gros défaut. Le format des OAV a permis une plus grande qualité de réalisation comparativement à une série destinée à la télévision. Si la bande son est honnête sans être transcendante, on retiendra le premier générique chanté par l'un des ténors de la soul : James Brown. Une note amusante est par ailleurs le générique où le producteur Pony Canyon utilise la 3D balbutiante de cette époque pour présenter son logo.