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D-War (Dragon Wars)

Le 29/05/2008 à 08:23
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Notre avis
1 10 Shim Hyung-Rae aime les films de monstres, on en est sûrs, et on aurait aimé voir dans ce D-War un simple blockbuster dont les séquences spectaculaires justifieraient la légèreté. Malheureusement, si le film offre quelques envolées ponctuelles, à commencer par une séquence particulièrement spectaculaire au cours de laquelle une horde de créatures monstrueuses envahit Los Angeles, le scénario atteint un tel niveau de nullité, soutenu qu'il est par des acteurs catastrophiques, qu'il est difficile d'en faire abstraction. Les amateurs de nanars à voir au douzième degré devraient cependant passer un bon moment de franche rigolade.

D-War (Dragon Wars)

Cela faisait des années qu'on entendait parler de D-War, aka Dragon Wars, tentative par le Sud-Coréen Shim Hyung-Rae de réaliser un film de monstres pour les Américains sur fond de culture coréenne. Compte tenu du potentiel vendeur du projet - une galerie de créatures surnaturelles envahissant Los Angeles, ça peut le faire -, on s'attendait à une sortie cinéma en grande pompe pour ne finalement découvrir qu'un timide direct-to-vidéo. Une décision qui s'explique largement par la piètre qualité du métrage. Cela dit, si la plupart des films ratés ne méritent tout simplement pas l'attention, il existe aussi des nanars tellement mauvais qu'ils se transforment en un véritable festival d'absurdités, jusqu'à forcer véritablement la sympathie. Et cela même si l'on se demande comment des producteurs sérieux ont pu mettre leurs deniers dans une telle galère. De par son scénario édifiant et ses acteurs calamiteux, D-War entre sans difficulté dans cette dernière catégorie. Ce qui n'empêche pas le réalisateur Shim Hyung-Rae de faire le temps d'une ou deux scènes, à grand renfort d'effets spéciaux ultra chiadés, une véritable déclaration d'amour au genre dans lequel il tente d'œuvrer. On obtient une sorte de croisement improbable entre l'esprit des téléfilms américains les plus ringards des années 70-80, le côté kitsch en moins (quoique...), et celui des blockbusters spectaculaires made in Hollywood. Chronique d'un nanar quatre étoiles.


D-War (Dragon Wars)

 

Touche exotique oblige, il est bien sûr question d'une légende coréenne, à raconter de préférence au coin du feu dans une vieille boutique d'antiquités, à un gamin suffisamment naïf pour accepter sans trop se poser de questions qu'il est la réincarnation d'un personnage mythique. Selon la légende, deux serpents géants se livreraient une bataille sans merci depuis des millénaires. Le méchant, appelé le Buraki, serait sur le point de revenir pour détruire le monde, la seule arme pouvant le contrer résidant dans le corps d'une élue. Si les premières minutes distillent un certain mystère, on s'interroge d'emblée devant la scène censée se dérouler dans la Corée ancienne, plombée par des costumes bidons et décrédibilisée par un jeune couple hilarant de niaiserie. S'ensuit le massacre spectaculaire d'un pauvre petit village par une armée évoquant tout à la fois celle du climax de Star Wars Episode I et celle de Sauron dans Le Retour du Roi (dans la rubrique « merci Peter Jackson », la séquence est saupoudrée de quelques grands travellings aériens). Toutefois, force est de reconnaître la qualité impressionnante des effets spéciaux, utilisés pour donner vie à un bestiaire sophistiqué qui, on l'a deviné, resurgira dans les temps modernes. Retour au présent. Devenu adulte et journaliste, Ethan (Jason Behr) enquête sur de mystérieux accidents liés à son histoire. Et là, tout s'enchaîne : facilités de scénario, invraisemblances, dialogues débiles... jusqu'à provoquer chez le spectateur, d'abord interloqué d'être à ce point pris pour un demeuré, une certaine hilarité. C'est bien simple, le scénario semble avoir été confié à des gamins de 10 ans.


D-War (Dragon Wars)

 

Dans D-War, quand un serpent géant fait tranquillement sa balade en pleine mégalopole, saccageant au passage un zoo, quelques maisons et un hôpital, personne ne remarque rien. Pour preuve, un jeune couple se fait agresser avant d'être écrabouillé au bord de sa piscine par l'énorme bestiole, et non seulement la voisine en bigoudis n'a rien entendu (alors que le serpent pousse des hurlements de colère), mais la police ne détecte rien d'anormal sur les lieux du drame. D'ailleurs, lorsqu'un pauvre bougre tente d'alerter les autorités après avoir vu un éléphant se faire bouffer par le monstre, les flics n'hésitent pas à l'interner direct en asile psychiatrique, où le bonhomme se retrouve sous camisole de force sans aucune autre forme de procès. Il faut croire, si l'on en croit le récent Cloverfied, que la population new-yorkaise est plus réactive que celle de LA. Quelques dégâts matériels - et accessoirement quelques dizaines de morts plus tard, un vent de panique commence mollement à envahir la cité des anges. Ce qui n'empêche pas le collègue (et faire-valoir) du héros de retourner tranquillement au bureau comme si de rien n'était après avoir été attaqué successivement par le serpent en pétard et un guerrier surnaturel. Conscience professionnelle, quand tu nous tiens ! Un journaliste consciencieux, donc, mais aussi un ami inconditionnel puisqu'il ne semble nullement en vouloir à Ethan de partir sans lui (mais pas sans sa copine) pour échapper à leurs agresseurs !


D-War (Dragon Wars)

 

Selon le manuel du scénariste pour les nuls, lorsque survient la difficulté d'expliquer certains événements, il reste toujours un allié de taille : le hasard. Ainsi, pour Ethan, le hasard fait vraiment bien les choses. Dans son enquête d'abord puisqu'il ne met que peu de temps à retrouver la femme détenant le pouvoir du Yu Yi Joo. Car, comme on s'en doute, Sarah (Amanda Brooks) est non seulement américaine comme lui mais vit à... Los Angeles, bien sûr ! Par un heureux concours de circonstances, lorsque Sarah fait une déposition au poste de police, un collègue d'Ethan passe par là et la prend en photo. Ce qui permet quelques heures plus tard à notre héros de retrouver le lieu précis où se trouve la jeune fille, moyennant un ou deux coups de fil. De même, le hasard fait décidément bien les choses lorsque le couple, en fuite devant la bête affamée (mais pas trop pressée de les rattraper), se fait systématiquement pêcher en voiture par un ami ou même un simple passant.

Shim Hyung-Rae met aussi tout en œuvre pour réunir les clichés les plus éculés. Sur ce plan, la romance surpasse tout le reste. Ainsi, si Sarah est investie d'un pouvoir, ce dernier s'avère être en réalité une belle vacherie : pour sauver le monde, elle devra enfanter d'une énergie destinée à une créature extraordinaire et perdra la vie tout de suite après, comme une coquille vide... Plus machiste, tu meurs. Bien entendu, Sarah connaîtra l'amour en la personne d'Ethan, ce benêt tout droit sorti de Beverly Hills et qui avait déjà fait preuve d'une belle mentalité 500 ans auparavant, en optant sans vraiment lui demander son avis pour un suicide à deux. Investi d'une mission des plus glorieuses, celle de combattre le Buraki, Ethan n'a guère changé. Comme dans le passé, il va tout faire pour sauver sa belle et va pour cela prendre le contrôle total de ses moindres faits et gestes, la tirant par la main ou la posant sur une chaise selon les besoins. Notons qu'Ethan et Sarah prennent quand même le temps d'aller flirter sur la plage alors que la ville est sur le point d'être le théâtre de l'Apocalypse.


 

D-War (Dragon Wars)

 

Dresser une liste exhaustive des âneries de cette histoire rallongerait plus que de raison cet article. Il est donc temps de voir le bon côté des choses : si la scène catastrophe tant attendue met un peu de temps à arriver (à la 54e minute environ), elle tient ses promesses et témoigne d'un réel amour des films de monstres de la part de Shim Hyung-Rae. Lorsque Los Angeles cède enfin à la panique, D-War dépote littéralement. Imaginez les montures volantes des Nazgûls, ou quelque chose d'approchant, se lançant dans des courses poursuites infernales avec des hélicoptères en plein Downtown. Ou une armée de chars et de militaires américains s'opposant à une horde de créatures venues d'un autre temps. Ou un serpent titanesque s'enroulant autour d'un immense building. Délivrant par-ci par-là quelques plans inventifs, Shim Hyung-Rae en profite pour caser tous les moments cultes de ses films préférés, de Independence Day avec les voitures voltigeant dans une avenue en flammes, à King Kong lorsque le Buraki est bombardé par des hélicoptères au sommet du gratte-ciel, en passant par Star Wars et le Seigneur des Anneaux pour le bestiaire, ou encore Jurassik Park pour la touche dino des bestioles. Le caractère insolite de la situation fonctionne étrangement bien et l'intégration des créatures frise la perfection, d'autant que le design comme les textures des monstres s'avèrent plutôt recherchés. L'affaire se conclura dans un monde parallèle où s'affronteront deux créatures de légendes enragées, le dragon bénéficiant là encore d'un design majestueux. On rigole tout de même un bon coup à chaque intervention du meneur des troupes du Buraki : affublé d'une voix rappelant celle du Roi Sorcier d'Angmar dans Le Retour du Roi, le bonhomme s'exprime dans un langage inconnu (mais sous-titré) et déclame devant des milliers de créatures digitales un discours enflammé façon Saroumane, sauf que ses ordres se résument de manière triviale à « Retrouvez la fille ! ».


D-War (Dragon Wars)

 

Nous aurions aimé vous dire que le spectaculaire l'emporte sur la débilité. Malheureusement, l'action s'étend sur une durée trop limitée pour faire oublier le reste. Il aurait mieux valu que Shim Hyung-Rae s'abstienne d'écrire ou qu'il se cantonne au minimum syndical comme c'est le cas dans Transformers. En parlant du film de Michael Bay, un peu d'humour n'aurait pas fait de mal à ce D-War qui se prend résolument au sérieux et ne parvient guère à faire rire que de manière involontaire. Le gag, c'est cette histoire de légende à deux sous, ces dialogues risibles, ces acteurs de douzième zone (Jason Behr en tête), ce décalage proprement hallucinant entre la qualité des effets spéciaux et la nullité du film. Celui-ci s'achève par un « written and directed by Shim Hyung-Rae » apparaissant glorieusement au début du générique de fin, un bel acte de courage de la part du réalisateur que de signer son film après avoir tenté de nous faire avaler des couleuvres pendant près de deux heures.






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