Dead Space : Downfall
Le 18/11/2008 à 22:12Par Yann Rutledge
Notre avis
Il est tout de même assez surprenant de voir à quel point Hollywood reprend à son compte nombres d'idées des Wachowski Brothers, alors même que ceux-ci ont été pendant de nombreuses années (et encore aujourd'hui) considérés comme des outsiders pas toujours très recommandables. On se souvient que le kung fu cybernétique de Matrix était accueilli avec scepticisme par les financiers avant que l'engouement public ne les poussa depuis à le piller sans ménagement et à tout va dans n'importe quel blockbuster. Rebelote lorsqu'ils sortent les deux volets suivants de la saga, les deux frangins cherchant alors à élaborer un univers cohérent qui ne se limiterait pas au cinéma, mais ferait appel à d'autres médias populaires tel que le jeu vidéo, les comics et l'animation. Considérés dans un premier temps comme des fous mégalomaniaques, le succès rencontré par Animatrix et les autres transpositions incita l'avide Hollywood à y déployer l'univers de leurs produits estivaux. Les plus notables : Les Chroniques de Riddick : Dark Fury pour la bombe mésestimée de David Twohy (l'auteur de ces lignes persiste et signe !), Van Helsing, mission à Londres pour le machin réalisé par Stephen Sommers et dernièrement le peu passionnant Batman : Gotham Knight qui précédait de quelques jours la sortie américaine de The Dark Knight. Seul soucis, à l'inverse d'Animatrix ces transpositions animées n'avaient pour but que d'accompagner la machine marketing du blockbuster et non y approfondir son univers.
Après le cinéma, c'est au tour du jeu vidéo de s'y mettre ! Sorti il y a quelques jours, le blockbuster vidéoludique de Electronic Arts Dead Space se voit accompagné d'un comics et d'un film d'animation censés développer les événements précédant les premières minutes du jeu. Grâce à nos sympathiques confrères de JeuxActu.com, votre serviteur a eu la chance d'épancher sa soif à la soirée de lancement du jeu (quel buffet mes amis, quel buffet !) où était présenté en avant-première française la-dit préquelle animée intitulée Dead Space : Downfall. Le chef de produit de EA Mathieu Pasteran nous expliqua en introduction que le concept révolutionnaire de l'IP3 (IP pour Intellectual Property) est de développer sur plusieurs médias une histoire complexe impossible à déployer sur un seul et même support... Pas le temps d'être surpris que l'éditeur des Need for Speed et FIFA ait donné un petit nom à un concept qu'il n'a pas du tout inventé, les lumières s'éteignent, le film se lance.
Et on comprend d'un coup pourquoi tous les journalistes ont désespérément tenté de s'échapper avec leurs goodies promotionnels avant le début de la projection. L'histoire lorgne allégrement dans une première partie du côté de Event Horizon avec cet équipage, qui, victime de violentes visions, se met à s'entre-tuer et dans une seconde partie du côté de Aliens 2 et de son escouade de têtes brûlées, qui passent leur temps entre deux charclages d'abominables monstres à se sortir des vannes. Aucune originalité donc, mais comme on dit c'est dans les vieux pot qu'on fait les meilleurs soupes non ? Eh bien dans ce cas-ci, non. On passera sur les piètres dialogues et sur les invraisemblances scénaristiques (l'escouade sauve des civils pris au piège par des monstres pour mieux les abandonner ensuite...) pour se concentrer sur l'aspect graphique du film, qui, vu l'attention toute particulière de EA de développer cet univers futuriste, se devait d'être soigné. A nouveau, c'est raté ! Graphiquement, on se rapproche plus de la série d'animation Gargoyles de Greg Weisman (souvenez-vous ! elle était diffusée sur TF1 il y a dix ans !) que de la recherche esthétique d'un Animatrix. Faut dire qu'il n'est pas aidé par une animation d'une effroyable pauvreté. Pour se sortir du lot, Dead Space : Downfall tente donc sa dernière carte de secours : gore, du gore et du gore. Arrachages de bras, de jambes, décapitation, éviscérassions, on a le choix. Simplement, tout cet étalage de gore qui se voudrait subversif n'est finalement que purement gratuit et platement mis en scène, celui-ci finissant même par blaser la cousine d'Arnaud Mangin (qui pourtant adore Saw 3).
Appelons un chat, un chat, Dead Space : Downfall n'est qu'un produit marketing vain et inutile de plus pour un jeu jouissif qui fout lui vraiment les chocottes. Et ce n'est d'ailleurs pas nos collègues de JeuxActu.com qui nous contrediront, Maxime Chao qui ne lâche plus sa manette lui a tout de même attribué dans son test un beau 18/20 !.