La Chorale
Le 03/09/2008 à 16:55Par Valérie Frot
Avec ce second long métrage, le réalisateur/scénariste Akio Nishizawa nous démontre magistralement que le cinéma d'animation japonais a encore de belles années devant lui. La Chorale réussit le tour de force de nous émouvoir et de nous captiver du début à la fin malgré une tonalité grave et austère au premier abord. La Chorale est un film admirablement abouti, tant d'un point de vue artistique que scénaristique, et mérite que l'on s'y attarde.
La Chorale est un long métrage d'animation réalisé en 2006 par Akio Nishizawa, également scénariste de ses films. Son premier long métrage, Nitaboh, réalisé en 2004, avait été projeté dans de nombreux festivals à travers le monde et avait reçu plusieurs récompenses dont le prix du public au 12ème festival du film asiatique de Lyon.
Japon, printemps de l'année 1956. Le pays peine à se remettre de la guerre. Akira Yanagisawa est un jeune élève brillant et de condition modeste. Il va peu à peu se prendre d'affection pour une nouvelle élève de sa classe, Shizu Miyanaga, douée en sports comme dans ses études. Mais la passion de sa camarade est avant tout le chant, et avec le professeur de musique Rieko Sakamoto, l'école s'inscrit pour participer au concours de chant local. Cependant, entraînés à commettre un vol par le caïd de la classe, Gon Abe, Akira ses compagnons se font prendre en flagrant délit. Le directeur et les professeurs décident alors d'annuler la participation de l'établissement au concours. Mais un évènement tragique va bouleverser les évènements et le collège va revenir sur sa décision. Le groupe de jeunes choristes oubliera ainsi sa tristesse et les manques de l'après-guerre, adoucis par la magie de la musique.
La Chorale est une chronique émouvante située dans le Japon de l'après-guerre, alors marqué par les stigmates des privations, et qui allie musique traditionnelle et héritage culturel. Cette fable issue en partie de la jeunesse du réalisateur/scénariste Akio Nishizawa retranscrit avec justesse les affres de cette période très difficile de l'Histoire du Japon. Les personnages sont naturels et attachants. Le joli chara design de Hiroshi Kugimiya (Hare+Guu), réaliste et sans complaisance, colle parfaitement à l'histoire et à l'ambiance du film. Quelque soit le lieu ou la période, on peut retrouver certaines situations et personnages que l'on a connus dans notre enfance ; c'est justement le cas avec La Chorale. Malgré la gravité des thèmes abordés, le film ne bascule à aucun moment dans la facilité. Il s'en dégage d'ailleurs paradoxalement une certaine sérénité. La pudeur est de mise, les épreuves et les bonheurs traversés par les protagonistes sont traités avec tout autant de sensibilité. La Chorale est un film rare et émouvant qui au vu de ses nombreuses qualités trouvera sans aucun doute son public.