Profanations
Le 07/05/2008 à 09:16Par Arnaud Mangin
Nanar Quatre étoiles qui met peut-être un peu trop de temps à démarrer, The GraveDancer n'est reste pas moins une série Z ravagée du bulbe particulièrement divertissante lorsqu'elle se décide à mettre le turbo. Incongru (de par la présence d'acteurs qui n'ont normalement rien à faire là) et envoyant bouler les quelques règles pesantes du cinéma de fantômes tournant presque trop en rond aujourd'hui, le réalisateur du déjà moyen mais pas inintéressant Le Couvent s'amuse comme un petit fou. Amateurs de bis old school dopé au 15ème degré bienvenus...
On l'avait presque oublié, mais la vie professionnelle de Dominic Purcell ne se limite pas qu'à Prison Break. La preuve, il campe dans ce Profanations (on préfère le titre original The GraveDancers) un avocat pas crédible une seule seconde, non seulement parce que son statut de star lui octroie un rôle normalement tenu par un ado, mais surtout parce que, comme dans le précédent film du réalisateur, la direction d'acteurs est passablement calamiteuse. C'est gênant cinq minutes, drôle le quart d'heure suivant, et offre un charme indéniable à l'ensemble pour tout le reste du film. Pas vraiment la carrure d'un cérébral, il est vrai, et donc les réactions face aux diverses attaques de monstres relèvent plus d'un effet Koulechov bien voyant que d'autre chose. Parce qu'il est clair que, dans cette histoire de fantômes super furax, les premières manifestations ont le gland un peu mou. Une fenêtre grince : c'est un fantôme ! Une feuille tombe : c'est un fantôme ! Une ampoule claque : c'est un fantôme ! Purcell se réveille en sursaut après s'être honteusement endormi au bureau : c'est un fantôme aussi ! En gros, le début du film est chiant comme un cimetière et le comédien s'y adapte autant qu'il peu.
"Scooby ! Où es-tu ?"
Et de cimetière, il en sera justement grandement question puisque, si le gaillard et ses potes d'enfance sont harcelés par les mauvais esprits, c'est parce qu'ils ont eu la judicieuse idée d'aller faire la teuf là où une ancienne copine du groupe s'est faite enterrée l'après-midi même. Charmant hommage... D'autant plus qu'ils dansent sur les mauvaises pierres tombales puisque les types enterrés dessous ne sont franchement pas du genre social. Voilà, c'est con, mais c'est la règle : si tu danses sur une pierre tombale une nuit de pleine lune, le fantôme te cassera les couilles pendant un mois avant de te tuer horriblement. Les règles, c'est le médium Tcheky Karyo qui les explique très clairement - on ne peut pas faire plus simple. De même, on apprendra que pour se débarrasser d'un fantôme, il suffira de déterrer son cadavre pour l'enterrer ailleurs... CQFD. Voilà, on parlait plus haut d'effet Koulechov et il est vrai que, dans son intégralité, The GraveDancers conserve l'aspect académique de tout film étudiant fantastique à budget zéro qui ne s'encombre pas de vrai prétexte et qui se fait plaisir avec plus ou moins de succès... Comme Le Couvent, justement. D'ailleurs, la qualité de la mise en scène est elle aussi étudiante.
Alors pourquoi s'éterniser sur un truc mal joué, sans idée et à la réalisation relevant d'astuces 80's trop voyantes aujourd'hui (bourrée de gros plan sur les SFX pour cacher le type à coté qui tient le bâton), et surtout pourquoi lire cet article ? Parce que, comme tout bon nanar qui se respecte, The GraveDancers parvient à utiliser, bon gré mal gré, ses défauts pour les tourner à son avantage. Là encore, à l'instar de son film précédent, le réalisateur a beau adopter les clichés de rigueur de tout ghost movie sérieux bouffés par pelles entières depuis quelques années, il préserve une certaine légèreté, confinant même à l'immaturité pure et simple au fur et à mesure que l'intrigue évolue. En effet, si qualité il y a, c'est d'être en retard de vingt ans sur un genre qui, justement, ne fonctionne plus trop avec ses ficelles actuelles. Avec son histoire des trois fantômes vengeurs parce qu'on a dansé sur leur tombe, The GraveDancers flirte plus avec un épisode live de Scoubidou qu'avec un quelconque Ring-Like, où squelettes, têtes géantes, zombies armés de haches et monstres de foire au sourire carnassier semblent surgir d'un spin off de Vampire vous avez dit vampire. Après un début traîne-savate, on termine donc ce petit tour de train fantôme dans un grand n'importe quoi intersidéral aussi stupide que kiffant. Parce qu'au moins ici, on se marre et les fantômes en question ont un look du tonnerre !
Voilà. Dans l'absolu, The GraveDancers n'est franchement pas génial mais peut encore prétendre au plaisir coupable surprenant dans ses excès dont un final trop délirant pour avoir été ne serait-ce que prévisible. Il y a là-dedans comme un relent de vieux vidéoclubs de quartier, rayon films d'horreur, dans les années 80... A découvrir, franchement.
Retrouvez le test du DVD dans quelques jours.